Faut-il aller à l'école ou recevoir un enseignement ? L'un et l'autre ne sont pas nécessairement des synonymes. Il y a une différence entre le savoir issu d'informations, et la connaissance qui pallie à l'ignorance. Il faut former les jeunes, les éduquer, mais quelle forme doit prendre cet enseignement ? Comment s'y prendre aujourd'hui avec les nouveaux media numériques ? Quel est cette forme d'échange, où parfois on sent tangiblement l'intelligence circuler dans une classe ? L'information est intellectuelle, c'est l'art qui est pratique, mais cette co-naissance a aussi une portée sur les plans physique et spirituel. L'Occident se focalise sur le savoir, mais l'enseignement est aussi un moyen de transmission et de relation entre des acteurs : les professeurs et les élèves. Car sur le plan relationnel il peut y avoir un repli sur soi, d'enfermement, peut-être à cause d'objectifs de résultats scolaires trop critiques. Nous pensons les allemands plus libres avec leurs corps du fait d'une plus grande pratique sportive. Car nous sommes des corps vivants, qui apprennent et donnent, des êtres d'expérience et d'énergie, ce qu'Aristote nomme substance et puissance en acte en vue d'une fin, d'une entéléchie, où l'être se réalise pleinement dans la motivation qui l'a conduit à sa destinée. Il faut donc pour chacun réussir à décoder l'émotionnel de celui qui s'exprime, reconnaître les non-dits. Nos apprentissages intellectuels peuvent être transmis oralement ou par écrit. Or la relation à l'écrit est différente entre une lecture sur papier, manuscrite ou dactylographiée, et une lecture sur un écran. C'est particulièrement notable avec les publicités. Hors cas de handicaps, le sens de la vue est plus développé que l’ouïe pour distinguer les idées et les images. Un roman fait plus appel à l'imaginaire du lecteur qu'une bande dessinée où la description des faits est visuelle, ne sont pas un récit. Mais un apprentissage purement par l'écrit fait perdre le sens relationnel. Car enseigner n'est-il pas transmettre ? Transmettre l'envie d'être, l'envie de faire, éveiller à des finalités possibles de l'être en devenir ? Il faut donc enseigner avec le cœur, être authentique. Se pose alors la problématique de l'attention, avec une augmentation des bavardages plutôt que chuchotements ; de la visualisation simultanée de films sur son ordinateur portable tandis que le professeur fait son cours ; de communications écrites avec des camarades par téléphone, qui ont remplacé ces petits billets de papier qu'on se faisait passer entre élèves. C'est là où l'enseignant doit être attentif à la structuration de son cours, et admettre son inefficacité lorsque les élèves ne font pas attention à ce qu'il dit et fait. Car les élèves se retrouvent sollicités de toute part, ne se concentrent plus, s'absentent intellectuellement, leur âme partant vadrouiller tandis que leur corps ne la suit pas.
Car il a été relaté des cas de décès par perte d'âme, d'une grande dépression où l'on perd le goût de la vie, de continuer à être animé, et où on se meurt. Et décéder n'est-il pas perdre son âme ? L'âme reste le principe qui anime les corps qui sont vivants, c'est de là que vient son nom. Il serait admis que l'acquisition de la capacité énergétique se fait vers l'âge de 7 ans. Les mises en crèche très jeune peuvent donc être sources de traumatismes et d'insécurité qui se reportent des années plus tard. Et il faut aussi admettre qu'un enfant est potentiellement plus intelligent que chacun de ses parents pris séparément du fait de la répartition de leurs savoirs.
Mais ces enseignements doivent rester dans une vocation de vie active à venir. Aujourd'hui très rares sont les personnes vivant sans emploi, car c'est une nécessité pour parvenir à une pension de retraite. Il y a donc une question des débouchés des études, et des potentiels disponible du marché de l'emploi. Même si les meilleurs élèves finissent souvent par être enseignants à leur tour, le gros des classes vient enrichir des entreprises privées ou servir la fonction publique. Il ne faut donc pas être dans un présent lorsqu'on apprend, mais dans un futur, dans une mise en forme par apport de matière qui fait substance à vocation d'agir, et de bouger. Donc une errance dans ses études est certes intéressante dans un but d'exploration de champs de connaissances, mais est rarement bien perçue par un employeur qui craindra que vous veniez errer chez lui. L'erreur est humaine, mais persévérer est diabolique dit-on, car un 'diabolo' en grec ancien signifie un calomniateur. On aime mieux que les gens sachent où ils vont, qu'ils y aient réfléchi, afin qu'ils y parviennent sans ennuis. En effet il faut garder en tête les trois âges de notre existence mortelle : l'enfance où on acquiert des capacités, des aptitudes, de l'autonomie, de l'indépendance, tandis qu'on est subordonné aux bons vouloirs de ses parents ; l'âge adulte où on met en acte ces apprentissages de l'enfance, où on continue d'accroître son savoir et sa sagesse ; et la vieillesse où l'on se repose enfin de son labeur et où on périclite lentement. Il est alors bien de pouvoir se dire qu'on a su avoir une vie bonne et remplie à son gré. L'éducateur a donc un rôle de tutorat de l'enfant pour qu'il soit ensuite confortable et efficace dans sa vie adulte, ce qui ne s'enseigne pas nécessairement par l'obéissance et les punitions. Aristote employait le terme de 'pédanome', celui qui connaît les règles à donner aux enfants, des lois. Tout comme il y a des 'ergonomes' qui savent comment travailler au mieux.
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Septembre 2022
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