Concepteurs : Françoise C., Antoine CHAIGNOT, Nicolas ROUGIERS Concept d'opinion Le concept de l'opinion diffère selon les cultures et les représentations sociales. En France on l'assimile souvent à l'opinion politique : que penser de la peine de mort, de l'avortement, du Président ? Faut-il alors faire la publicité de ses opinions ou les garder intimes ? Car cela joue sur la formation de celles de la jeunesse. Et donc comment se construit-elle ses opinions ? Sommes-nous vierges de toute influence ? Ainsi il peut arriver de rencontrer dans sa scolarité un professeur qui laisse traverser son discours par une idéologie qui prône la liberté et la contestation mais qui dans les faits se montrera autoritaire voire arbitraire et tyrannique avec ses élèves lors de contrôles et d’évaluations. Il y aura alors une dissonnance entre le contenu du discours et les actes. La psychologie sociale s'intéresse à la formation des opinions car elles conduisent à l'apparition de représentations sociales, souvent prégnantes dans les familles. Celles-ci sont-elles solides et inamovibles, ou versatiles ? Cette expression se fait aussi par l'attitude, le comportement, et se voit chez les parents, enseignants, entourage, amis. Les opinions s'expriment sur l'actualité, la politique, les gens. Souvent établies sur des a priori, on juge le bien, le sympathique. Il s'agit donc d'un jugement de valeur basé sur une interprétation. L'essor des réseaux sociaux Nous pouvons le voir sur Linkedin, aux propos publiés les gens opinent pour dire s'ils sont d'accord ou pas d'accord. Mais il faut aussi noter comment les gens osent l'exprimer dans le champ public, ou se taisent. L'absence totale de commentaires dénoterait-il des ordres implicites de se taire ? Car si on argue que « qui ne dit mot consent », en réalité ces publications visent à faire réagir afin de diffuser largement le propos. Ces opinions sont-elles alors émotionnelles ? Y'aurait-il des facteurs analogues à de la terreur, ou à la pudeur de regarder une œuvre pornographique ? Pourquoi donc ne pas toujours réagir en donnant son opinion, comme si nous n'en étions pas totalement libres ? Car certaines influences peuvent dériver en emprise. On sait que l'homme désire naturellement appartenir à des groupes car cela contribue à son identité, et que ceux-ci tendent à rechercher des consensus. L'individu manque de conscience des rouages, et finalement ne s'expriment librement que ceux qui n'ont plus rien à perdre, tels des marginaux ou des retraités, des indépendants. Les gens évitent les risques inhérents à la liberté, et peuvent avoir peur d'être catalogués. Ainsi en prenant l'exemple des éoliennes où la droite est contre, on peut trouver aussi bien des arguments justes que d'autres de mauvaise foi. Un tel sujet clivant peut devenir virulent. Nous nous demanderons alors pourquoi certains expriment leur indignation et d'autres pas. Serait-ce pour ne pas se mettre en porte-à-faux vis-à-vis de son employeur, même si par ailleurs on est soutenu en privé ? Les gens se retiennent-ils de contredire autrui ? On en arrive même à devoir prendre des publications en photo avant qu'elles nous soient bloquées. Linkedin est-il bien un lieu de débats ? Pudeur et impudeur des opinions S'il est devenu possible d'échanger avec des scientifiques sur les RS, on peut aussi noter que certaines professions restent silencieuses. Et les partages de conférences de grands scientifiques ou les articles de fond entraînent finalement peu de commentaires. Inversement on y trouve diverses populations qui se victimisent et qui suscitent des élans de solidarité morale. Difficile donc de trouver matière à réflexion, des points de vue de qualité, dans une masse d'informations sans intérêt. En effet, émettre une opinion c'est se dévoiler, montrer une manière d'envisager le débat. L'option du dialogue, dans lequel on peut être en désaccord mais toujours unis, est assez peu usitée. Et de fait, peut-on débattre de tout ? Car débattre est par essence polémique, c'est un affrontement : le but est de convaincre l'autre par ses arguments. Or peut-on continuer de respecter quelqu'un quelles que soient ses opinions ? Tandis que dans un dialogue, en théorie les deux partis en ressortent tous deux gagnants. On peut y maintenir sa position, admettre les arguments de son protagoniste, et faire évoluer sa position si nécessaire. Alors que dans le débat le principe est que l'un a raison et que les autres ont tort. Il semble donc plus paisible de se forger une opinion par le dialogue, plutôt que de devoir céder à plus fort que soi. De plus, les opinions sont souvent des croyances, des certitudes fondées sur un récit non vérifié, ou sinon tirées d'un imaginaire en lequel on a foi. Si l'opinion est réputée volatile, la croyance est cristallisée. Conséquences épistémologiques Nous voyons donc la problématique qu'il peut se poser de vérifier une théorie par des expériences qui la corroborent. Comment savoir si une théorie est véridique ? Or c'est une nécessité humaine que de savoir se faire une opinion des théories pour savoir s'il faut les croire, et les suivre. Ainsi on trouve des idéaux de société différents (tel que le marxisme) qui ont suivi une méthodologie pour être construits, et ont créé des courants de pensée. De ce fait leurs arguments sont généralement corrects mais on peut ne pas être d'accord avec eux. Cela peut en particulier venir de biais cognitifs pour ne pas aller à l'encontre de nos pensées, et nous causer des biais de sélection. Il arrive qu'on s'arc-boute, qu'on rejette des arguments qu'on prend pour des dogmes. Alors qu'une théorie peut apporter un éclairage porteur d'idées pour aider à lire le monde. Le défaut est d'en faire une « grille » que l'on « plaque » sur quelque chose sans rapport. C'est ainsi que des théories psychologiques ont été plaquées sur l'économie (Kahneman). Faut-il donc arrêter de se poser des questions ou prendre position pour agir ? Doit-on appliquer ses convictions, en ayant conscience de ses limites ? Car comment peut-on reprocher d'appliquer une théorie ? Ne devons-nous pas être dans l'action, comme un principe moral ? Car la problématique est d'établir la valeur d'une théorie, par rapport à ses propres valeurs, et se demander si elle est supérieure aux autres. D'où le besoin de dialogues et débats. En effet ce qui touche aux sujets sociétaux s'articulent autour de principes moraux. Or une théorie scientifique est réputée neutre axiologiquement, amorale. Mais si on prend par exemple l'idée d'un « mur de la rareté » du malthusianisme, il faudrait ne pas aider les pauvres pour éviter leur multiplication. La qualité d'une théorie doit donc être jugée sur les axiomes qu'elle a pris. L'action conduit donc à chercher le changement d'opinion, et c'est par les représentations que l'on fera agir. Fabrique du consentement A partir d'amorces incitatives, qui peuvent exister temporairement comme des modes, l'individu va chercher à rationaliser ses actes. C'est ici le débat Chomsky-Lippmann sur la propagande, la fabrique du consentement. Par exemple, il sera opportun avant un vote de diffuser des images qui inclinent à certains choix. Le libre-arbitre de ses opinions est donc douteux. Chacun essaie de convaincre une population pour en tirer des suffrages permettant à son ambition de s'accomplir. Sur ce point l'État doit disposer d'un pouvoir de conviction. Il est préférable que tout le peuple adhère à la même vision, quel que soit le régime, libéral ou communiste. Ce qui rend difficile de pouvoir exprimer des opinions différentes. De fait, l'éducation permet une multitude de possibilités, pour se forger ses opinions ou se les fabriquer. On peut ainsi être séduit par une théorie ou la critiquer, mais encore faut-il pouvoir en discuter, rencontrer des controverses, l'interroger. Or nous n'apprenons pas à le faire. Nous n'avons comme exemples que les tenants de diverses théories qui s'affrontent, s'opposent. Alors que, comme en médecine, il faudrait disposer d'une attitude scientifique pour les évaluer. C'est de cette façon que l'on distingue l'art de la science, le suivi d'un dogme de l'examen des connaissances. Nous sommes trop dans le besoin d'agir, de nous agiter, pour prendre le temps de cogiter, d'agiter nos esprits. Nous cherchons des recettes toutes faites qui soient efficientes. Éducation et société Nous trouvons des « genres éducatifs » assez différents entre les universités, les écoles de management, et les écoles d'ingénieur. Si les premières apprécient les controverses, les secondes sont plus en cohésion avec le monde de l'entreprise, adeptes du pragmatisme. Le développement de l'esprit critique ne s'y pratique pas avec la même ardeur, ni la découverte de disciplines connexes. Or n'y a t'il pas un gain potentiel à apprendre aux employés à réfléchir méthodiquement ? Ne devrait-il pas y avoir une relation entre les besoins de la société et les programmes ? Faut-il ne viser que l'efficacité et la rentabilité, plutôt que l'ouverture d'esprit ? Se questionne donc l'instrumentalisation des individus, dans un contexte où il y a peu de place pour les opinions. La société est faite d'experts sachant, et de suivants. Comment la démocratie peut-elle s'y épanouir ? La simple notion de vérité est devenue incomprise, on ne l'explique plus. Celle-ci effraie car comment alors être ou faire ? Où peut-on avoir des débats contradictoires, remettre en question sa pensée ? Et tout le monde en est-il capable ? Car aujourd'hui l'objectif de la communication est devenu de raconter des histoires (storytelling) pour faire adhérer à un projet. On établit des opinions sur des faits, des statistiques, comme on jugerait un délit. Nous avons donc délégué notre pouvoir aux politiques, qui eux-mêmes s'en réfèrent aux experts. Or entre les experts choisis et ceux que nous montrent les media, les qualités ne sont pas toujours les mêmes. Nous avons ainsi vu avec le Covid tout l'écart qu'il y a entre la science et la recherche. Entre agir vite et laisser à la recherche le temps de tester ses hypothèses, nous nous sommes retrouvés avec des injonctions paradoxales. De là nous sommes victimes de biais de sélection, et du niveau de vulgarisation des discours. S'informer est devenu complexe, surtout que nous n'avons reçu aucune éducation à l'esprit critique. L'esprit critique L'approche la plus commune est de se nourrir de textes de diverses natures et opinions pour envisager divers points de vue. Or il faut disposer de loisirs pour cela. Il faut également que dès l'enfance on apprenne à se poser des questions. Le principe est de problématiser la situation sur laquelle il faut se faire une opinion. Il faut aussi pouvoir restituer un débat pour donner son opinion, comprendre les enjeux. Être curieux pour lire ceux qui ont réfléchi, et se cultiver sur la question. Mais chemin faisant il est possible de tomber sur des tenants d'une « chapelle idéologique » pour qui le principe de liberté exclut les idées hérétiques. Comment alors en discuter, et en décider démocratiquement ?
Car en l'absence de discernement, c'est s'ouvrir aux emprises, à la tyrannie. Il est important d'oser exprimer son opinion en argumentant, et d'accepter la critique, la confrontation avec des opinions divergentes, dignes de respect. Mais il faut disposer de temps pour le faire, et de personnes désireuses de « ferrailler ». Il faudra également se préparer aux arguments contraires, en les recherchant au préalable. Sera-t'on dans la certitude, ou dans la versatilité ? Jusqu'à quel point une opinion doit-elle être arrêtée ? Car c'est par cela que nous sommes ensuite en capacité de voter, de prendre une position, même si plus tard, comme on le voit avec le Brexit, il pourra y avoir des regrets du choix que l'on a fait. On aura voté pour ou contre, mais on l'aura choisi.
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Concepteurs : Françoise C., Patrick de Backer Situation Les ateliers philosophiques pour les enfants se développent, peut-être plus que pour les adultes. Ils ont un caractère expérimental, proche de la psychologie, et différents d'une étude de la littérature. On n'y trouve pas de réponses définitives. Peut-on y participer sans connaissances philosophiques ? On peut par exemple s'intéresser au travail, à l'activité de l'homme, ce sur quoi il n' y a pas une connaissance fermement établie de ce que c’est, et qui se trouve être de l'ordre de la philosophie sociale. Souvent on se sert de citations pour s'approprier la pensée d'auteurs qu’on prend pour autorités. Tel Aristote pour qui l'homme a toujours envie de savoir. Ou Thomas d'Aquin pour qui la théologie peut être une science. Car nous voulons savoir où nous sommes mais la science suffit-elle pour le savoir ? Comment savoir qui on est, d'où on vient ? La philosophie arrive lorsque la science est dépassée, et qu'il faut accepter de ne pas avoir de réponse, ou alors aller trouver celles-ci dans la théologie. Cependant il ne faut pas se laisser entraîner dans l'idéologie. Ainsi la science se réfère à l'épistémologie, à une éthique. Tous les usages de la science, de ses résultats, ne sont pas bons. C'est ainsi qu'on retrouve la philosophie un peu partout dès qu'un questionnement se pose. Cela évite de se laisser enfermer dans des chapelles. La science a créé diverses branches mais il ne reste qu'un seul genre de diplôme de philosophie, pour autant qu'un philosophe puisse être diplômé. Car les seuls examens se font par dissertations. Est-ce bien formateur pour philosopher ? Notre monde est rempli de procédures qui nuisent aux initiatives, à réfléchir à ce qui nous entoure. Nous finissons par avoir du mal à les comprendre. C'est en cela que la philosophie apporte un bénéfice pour savoir comment se poser des questions, afin de mieux voir notre environnement. D'ailleurs souvent des philosophes ont cumulé plusieurs expertises, tel Descartes qui était mathématicien et philosophe. Pourtant comme le note Etienne Klein à propos du temps qui passe, les philosophes n'ont pas lu Einstein pour connaître son point de vue sur le temps. On n'étudie pas non plus la philosophie avec une progression historique comme on le fait avec les mathématiques. On ne raconte pas que le premier à se dire philosophe était Pythagore et que sa secte avait des ressemblances avec celle des raëliens. Et puis des champs restent méconnus, tels la philosophie en entreprise dont le développement est récent. L'exemple du travail Ainsi philosopher c'est par exemple se demander si la valeur du travail a disparu. L’homme travaillait par nécessité jusqu'à Marx qui donne au travail une dimension philosophique. Le travail était un labeur, il est devenu principe d'épanouissement. Pour Marx produire avait permis à l’homme de s’accomplir lorsque le travail n’était pas industriel. Aujourd'hui l'homme se produit dans sa production. La société a connu des périodes successives : industrialisation, 30 glorieuses, automatisation, avec des effets sur l'environnement, la consommation. Tandis qu'avec les démotivations, le chômage, on se demande quel sens a encore le travail. Un vide s'est ouvert qu'il faut combler. Seule constante, le tout semble être de ne pas aller contre le client. Faudrait-il alors recevoir les salariés dans des consultations philosophiques ? Avec la problématique d'être protégé dans ce que l'on dit. Remettre en mouvement sa pensée, aider à redémarrer, à se questionner. Il faudra donc que la philosophie reste à l'extérieur de l'entreprise, même si elle s'y intéresse, pour ne pas créer de conflits d'intérêt, ne pas y être censurée. Elle emploie une méthodologie de pensée, une dialectique, et elle ne vise pas un résultat. Pour l'instant le principe de l'entreprise reste l'obéissance, l'exécution. Comment donc la philosophie pourrait-elle se mettre au service de l'entreprise ? Philosophie et entreprise
Aujourd'hui l'entreprise cherche à donner envie de travailler pour une cause. Elle veut s'attacher les employés, obtenir leur fidélité. La compétition économique est-elle alors contre-productive ? Un test fait avec des écoles avait montré que celles coopérant parvenaient à de meilleurs résultats scolaires que celles en compétition. Mais la philosophie moderne n'est-elle pas individualiste ? Pour disserter collectivement, discuter, il faut un espace sans jugement pour pouvoir développer sa manière de penser. On voit également beaucoup de philosophie-spectacle, telles des performances. L'esthétique du propos est plus recherchée que sa profondeur. C'est une modernisation du sophisme. Par économie et simplicité ne voudrait-on pas du prêt-à-penser ? On soutient même des thèses en trois minutes. Quelle image voulons nous en tirer ? Image donnée Car l'image fournit cette opposition entre la représentation et la réalité. Le comédien est un imitateur. On veut savoir sans se donner la peine de chercher. Si la philosophie aide à chercher, elle ne donne pas de réponses. Et rares sont ceux qui se documentent aux sources. On s'est habitué à prendre quelques idées, quelques citations, dans des synthèses. L'acquisition du savoir est devenue superficielle. Certaines formations forment même des experts en rédaction de synthèses. Cela s'oppose à la science dont les résultats ne sont pas immédiats, et dont on ne peut pas faire un spectacle. Et puis il y a la difficulté d'aborder des réflexions, même avec des amis. Notre société est basée sur l'efficacité, la rapidité, et de dire des bons mots. La curiosité des gens s'est amoindrie.
La philosophie bouscule les pensées toutes faites et oblige à « sortir de sa zone de confort ». Elle surprend. Elle permet de sortir d’un schéma de pensée routinier, d’aller dans une zone d'étonnement dans laquelle on n'est pas encore convaincu, certain de ce qu'on pense. Il peut y avoir des enjeux, tels que vouloir vivre mieux ses contradictions, se questionner sur son être. Tandis que le confort, l’agréable et le facile, est de suivre des idées toutes faites, simplistes, sans grande profondeur. C'est en cela que prendre des extraits de textes est manipulatoire, ce ne sont que des images de ces textes, choisies, qui confortent une opinion. La philosophie aide à s'en méfier. Serait-elle alors un service public ? Peut-elle avoir une place en marge des organisations ? En effet une capacité d'étonnement est bonne pour le travail. Il n’est pas nécessaire d’être sous la férule de l'enseignant en situation de pouvoir. Il faut conserver cette capacité de demander qu'ont les enfants. Or peu de gens posent des questions. Ont-ils peur ? Est-ce une affaire de culture ? Une gêne ? La remise en cause d'une situation serait-elle un facteur d'exclusion ? Car le philosophe questionne, et peut déstabiliser. On recherche plutôt des outils de productivité. Certains détournent ainsi la finalité de la philosophie dans un but marketing. Car comment employer les compétences d'un philosophe dans une entreprise ? Cela ne va-t'il pas aboutir à des confrontations, des conflits ? La réponse peut être dans le développement de soi par un goût des questions sans réponse. Un peu comme avec le judo, il faut se servir de la force de son adversaire, apprendre le respect. La philosophie doit être libre, publique, et l’on doit disposer d'un temps pour s'y consacrer. A moins de naitre nanti d'un capital qui permette de vivre de ses rentes, il faut se plier à l'injonction de la Constitution de notre République qui dit que « travailler est un devoir » du citoyen. C'est tout particulièrement vrai si vous débutez votre vie adulte en étant « prolétaire », mot latin qui désignait les citoyens n'ayant aucune richesse, aucun bien. Il vous faut échanger votre besoin de vous nourrir et d'avoir un logement pour votre repos contre une activité qu'on vous rémunère. Car autrement vous seriez réduit à la vie des chasseurs-cueilleurs préhistoriques, ou à celle d'un SDF. Cela n'est pas facile, il va vous falloir trouver quelqu'un disposé à vous octroyer une part de sa richesse, de ses gains, en échange d'un labeur que vous allez effectuer de manière pérenne. Il n'y avait que dans les pays du bloc soviétique que les états se chargeaient de vous trouver une place. Étudions donc les modalités pour y parvenir : 1. Problème de base : Comment trouver les gens qui vont avoir envie de vous payer pour une activité que vous allez mener dans leur intérêt ? Il y a le facteur des compétences, acquises ou à acquérir, et ce qu’elles permettent de faire, qui doit coïncider avec deux envies à assouvir, la vôtre et celle de vos clients. Ces envies peuvent être d’accroître son confort, son pouvoir (liberté), de diminuer des difficultés, résoudre un problème, de soigner des souffrances, dans des approches matérialistes. Mais il y a aussi l’envie de piloter avec sa raison ou son instinct (habitude), d’avoir l’intuition d’idées décisives, ou de passer des moments de détente, ou encore de se réaliser soi-même, de créer des objets techniques tangibles ou virtuels (eg. Logiciels). Pour beaucoup l'activité menée doit avoir un sens, une raison d'être réalisée, une justification, sinon c'est un effort inutile. Certains trouveront ce sens dans des activités manuelles, d'autres dans des prestations intellectuelles. Cela ne résout pas la nécessité du vivre-ensemble et du travailler-ensemble où il ne suffit pas que les envies des uns soient comblées par l’utilité des autres. Car l’individu utile se trouve confronté à des émotions à l’égard de celui ou celle qu’il sert, qu’il peut trouver attirant ou repoussant, et réciproquement du servi à l'égard du travailleur. Par exemple certaines personnes sont sensibles à l’humilité et honnissent l’orgueil, mais un rapport humain peut sembler une confrontation entre un.e prince.sse et un crapaud. Certains partent de l'idée que tous les individus se valent, leurs sont égaux, quand d'autres réalisent une estimation d'eux-mêmes et des autres, attribuent des prix, selon un barème moral ou des niveaux de salaire. La mode actuelle est de le solutionner par l’adoption d’une posture, de montrer à son interlocuteur un personnage dont la sincérité est douteuse mais voulue rassurante. L’inconvénient est la tension créée, le stress et l’aliénation, le fait de ne plus être soi-même. Mais il y également le facteur d’adéquation entre les limites de compétences et les responsabilités accordées. Ne pas se montrer sous son « vrai jour » peut se révéler un piège, c'est une imposture. Cela va créer un brouillage entre une réalité tangible et la perception qu’on en a, qu’il va falloir interpréter, en déduire des intentions véritables, et éventuellement y réagir. Or les biais cognitifs sont des facteurs d'erreurs grossières d'interprétation, qui peuvent induire des attitudes (postures) et réactions totalement inappropriées. Ceci semble assez net lors des licenciement collectifs, lorsque l'envie d'employer est réduite à néant par une situation économique catastrophique, ou que l'employeur décide de délocaliser sa production vers des cieux où la main-d'œuvre est plus rentable. Tous ces départs, à présent assistés par des conseillers en outplacement, auraient pu être anticipés par une fuite progressive des talents voyant le vent tourner. La vexation induite par la perte de son emploi va entraîner tristesse ou colère, ainsi qu'une peur de ne pas retrouver un autre emploi, et un dégoût de la confiance accordée. Mais l'investissement, voire l'engagement, du travailleur n'est pas que raisonné avec méthode, il se fait aussi avec le cœur, l'intention humaine, qui le rend froid ou chaleureux, mécanique ou émotif. Peut donc interférer une situation personnelle douloureuse, deuil, divorce, ou joyeuse, naissance, mariage. L'humeur et les émotions influant sur les prises de décision. Nous voyons donc que de nos envies de départ, somme toute basiques, nous y avons ajouté des composantes de notre humanité, psychologiques, et communicationnelles. Dans cette interaction entre une envie de faire et un désir d'obtenir, des représentations de la réalité sont altérées par des effets de l'imaginaire, qui peuvent être provoqués, voulus, manipulateurs. Et c'est ensuite que peuvent survenir des critiques de l'un ou de l'autre, lorsqu'un constat de ce qui est fourni n'est pas conforme à l'imaginaire qu'on s'en était fait, que ce soit de croire qu'on a bien fait son travail, ou qu'on a bien communiqué sa commande. Il n'y a pas toujours une prise de recul pour s'objectiver soi-même, se déshumaniser, mais plus souvent une déshumanisation de l'autre. Ces facteurs sont souvent connus des gens qui ont l'habitude d'en employer d'autres, mais peu enseignés aux futurs adultes, comme s'il serait spontané de les comprendre, évident. Essayons à présent d'y trouver une raison : 2. Analyse philosophique : Nous venons, pour paraphraser Aristote, de nous « étonner sur une merveille offerte à nos yeux », et avons cherché à « savoir ce que c'est ». En soi c'est l'exposé d'une problématique, d'un frein au contrat social qui lie les concitoyens, cohabitant dans la cité. Il s'agit à présent d'en déterminer les causes, et pourquoi pas tenter l'approche des « 5 why » de Toyoda : a. Pourquoi tend t'on à déshumaniser un rapport « commercial » (interactif et économique) lorsque l'autre intervenant nous indispose ? Il peut y avoir une carence d'intelligence émotionnelle altérant notre faculté de comprendre notre indisposition, ou une carence d'intelligence raisonnable (phronesis en grec) qui altère la représentation qu'on se fait de la situation vécue, ou l'adoption de principes comportementaux fixant les rôles que chacun est supposé tenir qui peuvent être arbitraires. b. Les lacunes d'intelligence peuvent se réduire par des formations enseignant les théories sous-jacentes et apprenant à les conscientiser par des exercices pratique, mais d'où peuvent provenir ces normes sociales établissant des rôles qui ne sont pas unilatéralement connues et admises ? Cela peut provenir de traditions qui divergent entre les origines ethniques (culturelles) et les classes socio-économiques (dont Marx dit qu'elles luttent entre elles) qui transmettent des valeurs et un sens des vertus (qualités) propres à chacune. c. Le brassage des enfants voulu par l'Education Nationale, puis des jeunes adultes pendant leur Service Militaire, semblait viser la réduction de ces écarts d'idéologies sociales, mais ne doit-on pas admettre que ces classes se sont concentrées dans des quartiers urbains distincts, et que la « carte scolaire » provoque des concentrations homogènes ? Nous pourrions alors tenter d'organiser des réunions pour que les gens apprennent à se connaître, à se rendre compte qu'ils ne diffèrent pas beaucoup les uns des autres, tout en étant chacun uniques. Car nous avons tous à « faire bouillir notre marmite », nous distraire, et nous dépatouiller des tracas qui viennent émailler notre existence. d. Mais de telles réunions se produisent lorsqu'on se déplace dans les transports en commun et n'est-il pas flagrant que chaque voyageur se replie sur lui-même, souvent dans l'utilisation de son téléphone ? Il semble donc que privés de ces situation où un groupe humain subit une autorité qui le commande, les individus ne gardent de liens qu'au travers d'un « réseau » de connaissances personnelles qu'ils tiennent pour amis. C'est à dire si on suit la théorie de l'amitié d'Aristote, qu'avec des gens chez qui ils trouvent du plaisir, et/ou de l'intérêt, et/ou des qualités comparables aux leurs, ou désirées. e. Faudrait-il donc que pour retrouver une envie de se connaître, de se soutenir, les habitants d'une cité soient confronté à une source d'emmerdement commune ? (précédemment profs ou adjudants) Il est net que selon Aristote les individus épars se sont regroupés de façon urbaine lorsque l'artisanat s'est développé, ce qui doit correspondre à l'Âge du Bronze. Les gens accédaient à d'autres moyens de subsistance que l'exploitation agricole, établissaient le commerce, et se mettent à lire et à écrire. Les ennuis communs étant causés par les guerres avec les cités rivales. Or nous voici plutôt en paix en Europe depuis des décennies, et seulement menacés par le réchauffement climatique et la raréfaction des énergies fossiles. Il est par exemple flagrant de remarquer que le gouvernement américain a toujours sous le coude un « Satan de service » à combattre. Je citerai alors Saloustios (362 ap. JC) comme quasi-dernier théologue païen, disant que les démons ne sont que les serviteurs des Dieux, et que le Mal réside en l'homme, que l'on combat par ses vertus (qualités). 3. Proposition politique : Ayant identifié une cause racine, il faut y subvenir. La polis (cité) souffre d'une tension entre ceux qui ont envie de faire et ceux qui désirent recevoir, qui devraient se satisfaire mutuellement, car leur humanité les porte à des amours et désamours entre eux, du fait d'une absence d'un problème commun, d'une menace.
Pour certains le problème vient d'un actionnariat qui les presse d'un taux de rendement, pour d'autres c'est une envie de faire qui ne trouve pas d'acheteur, qui se trouvent à coïncider dans les opérations de licenciement. Mais en fait un problème commun est en eux-mêmes dans la méconnaissance des systèmes qui les régissent, interne dans le cas de la psychologie, et externe pour les principes de commerce. Le commerce étant étymologiquement les interactions sociales et les échanges économiques. Une part de solution réside dans une large formation théorique et pratique à la psychologie et aux sciences du commerce, incluant la maîtrise du numérique qui devient indispensable à la gestion de sa vie pratique. L'époque industrielle des ouvriers hommes-machine est révolue, on ne vit plus avec un emploi répétitif de tâches, et il n'y a plus que les états pour garantir des emplois à vie. Dès lors le concept de formation initiale payée par l'état, donc nos impôts, suivi de formation continue payée par son bénéficiaire est obsolète. Le citoyen est aujourd'hui tenu de se former tout au long de sa vie, et le modèle qu'un employeur qui licencie contribue à l'employabilité future des travailleurs qu'il ne veut plus est étrange. Il serait plus logique que ce soient les employeurs qui embauchent qui souffrent le coût de former leurs nouveaux salariés. La mode est au salarié prêt-à-porter, comme s'il en sortait des écoles, et le concept de l'employeur offrant une garantie d'emploi se perd. Cette insécurité d'emploi, qui se répercute sur l'accès au logement, locatif ou propriétaire, doit être admise et maîtrisée. Il n'est pas normal qu'un employeur qui recrute favorise le choix d'un candidat qu'il débauche d'un concurrent au détriment d'un autre sans emploi. Ce manque de civisme devrait être sanctionné. Les employeurs doivent se souvenir de leur rôle politique, qu'ils ne sont pas là que pour rétribuer le capital qui leur permet un outil de travail, ni succomber à la tyrannie de leurs clients despotiques, ni se faire le tyran de clients esclaves d'une situation de quasi-monopole. Il faut conserver une conscience de qui on est et de ce qu'on peut légitimement demander à autrui, et lui accorder son dû, ce qui base le concept de satisfaction en latin (paiement d'une dette). Cette optique est le volet sociétal de la norme ISO 26000 dite « RSE ». Si dans les années 1970 les économistes tels que Milton Friedman ont force de gourous, il apparaît aujourd'hui qu'une société humaine, une cité, ne peut pas fonctionner juste sur la base d'entreprises réalisant des profits. L'être humain n'est pas juste un animal, une bête de somme, qu'on peut traiter comme un cheval. D'autant plus si on admet la thèse d'Aristote qu'un humain qui passe son temps à travailler se dégrade intellectuellement, sans doute à cause de sa routine qui le maintient dans une étroitesse de point de vue, de son manque d'interactions avec des gens de divers horizons. Car « il ne suffit pas de traverser la rue pour trouver un emploi ». Nous avons vu que le désir de faire doit coïncider avec un désir d'obtenir, et que les deux « contractants » (au sens du droit commercial anglo-américain, d'une transaction) doivent se plaire entre eux car ce ne sont pas des smartphones déshumanisés. Or certains tendent à voir les chômeurs comme des smartphones abandonnés, ainsi que ces inconnus, ces quidams, qu'on côtoie dans les transports en commun. Il y en a qui sont à la fête quand d'autres sont dans le tourment, l'instrument de torture. Et pour ceux-là qui ont un désir de se sentir utiles, nait un besoin que leur activité ait un sens, une raison d'être. La taylorisation des activités de service rend le poste de travail incompréhensible dans son système, et induit des hommes-ordinateurs qui mesurent des KPI, des indicateurs de performance, comme ces inspecteurs dans les usines qui chronométraient la cadence des ouvriers pour les houspiller. Ce désir de sens implique de pouvoir comprendre ce qu'on fait au sein d'un groupe d'humains plus vaste, dans lequel certains pensent qu'ils doivent afficher une posture, par exemple de chef, inspiré de mythes, de traditions, qui ne doit souffrir aucune critique. On vit dans un monde partiellement fait de faux-semblants où cerner la Vérité devient hasardeux, où finalement on se demande qui on est soi-même, qui sont ces gens qu'on côtoie, où l'ipséité de chacun est refoulée sous l'argument d'une productivité à assurer. Il n'est plus possible d'échanger pour montrer ses forces et ses faiblesses, d'apprendre une tolérance des limites individuelles, on attend la perfection humaine. Jack Ma qui a 54 ans dit qu'à partir de 50 ans il faut pouvoir faire ce dont on a envie. Mais cela ne signifie pas nécessairement être oisif, ou retraité. Ce serait plutôt trouver enfin le temps et les moyens d'être soi-même, ne plus être cet autre que soi que la société nous force un peu à être pour des questions de traites à payer pour son logement, ou des enfants qui requièrent du temps qu'on ne peut s'allouer égoïstement. C'est peut-être d'ailleurs ce reproche non-dit des employeurs à l'intention des quinquagénaires : essayez de bosser pour vous-mêmes plutôt que pour nous en ne vous aliénant plus à nos caprices. Soyez libres à présent que vous êtes sages et performants, réalisez vos vœux les plus chers. Cependant, entre le vœu et la possibilité interviennent les lois de la société, en particulier celle du « marché », cette agora moderne qui a ajouté aux échoppes la fonction de place publique virtuelle avec les réseaux sociaux sur Internet. On y vante des réclames, on y fait l'éloge d'initiatives, on y blâme et diabolise les malfaisants. S'y retrouve t'il alors un espace pour les philosophes, porteurs de sagesse enseignant ce qu'est le Bien en soi, la Vérité ? Peut-il reproduire les succès de Platon ou Aristote avec de nombreux livres publiés et un large auditoire des cours qu'ils dispensaient ? Quel peut être le public, la clientèle, l'objet de sa bienfaisance ? Car ce n'est pas tout de faire ce qui plait, il faut aussi pouvoir en vivre car la pension de la Sécurité Sociale n'est pas encore versée. Le concept de « Trieb » de Freud a été traduit par « pulsion » de l'anglais pulse qui est le pouls mais aussi la poussée. Il s'agit plutôt d'un élan vu les sens du verbe treiben, de mettre en mouvement. Il peut y avoir des élans de vitalité de la psyché, ces appétits moteurs dont parle Aristote à propos de l'âme, ou parfois des élans mortifères lorsqu'on se pense « au bout du rouleau », plus bon à rien, rejeté par ceux qu'on aimait, que la vie est devenue une telle souffrance qu'on veut y mettre fin. Or créer une activité est vivifiant lorsqu'on a cette ardeur que Platon localise dans le cœur, voyant une psyché répartie dans le corps. Mais alors être un « philosophe de quartier » a t'il de meilleures chances aujourd'hui qu'à Athènes où cette activité était vue futile, ne servant à rien ? Car cela questionne l'habitude prise que ce soit des professeurs de philosophie qui le deviennent, parfois reconnus à titre posthume. Il y a peut-être alors besoin de faire changer le regard sur la philosophie qui est bien souvent marqué par les cours de Terminale au lycée. Dans une société où des gens se questionnent sur le sens de leur activité professionnelle, apporter une démarche de réflexion et de dialogue paraît adéquat aux besoins des citoyens. Le fait d'être novateur en termes de convictions ouvre un champ de possibilités qui motive l'intérêt. Il ne s'agit pas de prêt-à-penser mais d'un projet fédérateur dans lequel chacun peut puiser selon ce qu'il veut en prendre. Car la philosophie grecque peut se voir comme une réflexion sur les connaissances, les principes éthiques, et une vision psychologique, donc une connaissance de l'humain. On peut ainsi se demander si on agit seul ou si on fait à plusieurs une œuvre commune, une concitoyenneté dans la cité. Car si une activité professionnelle se résume à gagner de l'argent, c'est à peu près à la portée de n'importe qui. Mais si au lieu d'apporter de l'eau minérale on apprend à creuser des puits, c'est une démarche qui devient libératrice. Dans une société avec une épidémie de burn-out, rechercher des réponses à ce qu'est une vie bonne semble curatif. C'est en effet se questionner sur la finalité de l'entreprise, et vouloir aider celle-ci à cerner sa raison d'être comme le demande la loi PACTE : on s'interroge sur le rapport entre l'individu et le collectif, ce qui est en commun, qui n'est plus simplement l'exploitation d'outils fournis par un actionnaire-propriétaire, mais un moyen de bonheur dans la vie que l'on veut mener.
Il est alors utile, au bout d'un an d'exercice d'une activité, de regarder ce qui marche et ce qui peine. Les participants aux ateliers d'intelligence collective, co-construction de savoir, ont surtout été des travailleurs indépendants cherchant à agir juste. Car il est plus difficile en étant isolé de collègues de définir les comportements qui sont des biens et ceux qui sont des maux. La philosophie aide au discernement du bien, du juste et du beau, de sa manière d'agir, de sa déontologie. En cela les recherches menées en étudiant la pensée antique et la métaphysique, en les croisant à des livres récents, fournissent des éléments autant concrets que spirituels. Les lecteurs des articles hebdomadaires qui en découlent sont d'environ 2000 par mois, et un livre paraîtra chez Edilivre en juin. Il n'a pas été possible en revanche de persuader les contacts avec des organisations que la philosophie pouvait leur permettre un gain d'efficacité, de confort intellectuel, et contribuer à une mise en place réfléchie d'une déontologie faisant l'unanimité. L'idée que la moralité est induite par le respect de vertus heurte des convictions que la morale a justifié des peines injustes, ce qui est un paradoxe. Car si on prend celles que promeut Platon, il y a la sagesse (sophié), le courage (andreia), l'esprit harmonieux (sophron), et l'équité (dikaia). Comment être injuste et moral ? Le philosophe est-il alors un médecin qui prescrit des remèdes, ou un révolutionnaire exalté qui prêche un nouveau mode d'existence ? Le philosophe ne serait-il pas plutôt un « thérapeute de l'esprit », puisque la sagesse est dans la connaissance et le discernement ? Mais pour que le philosophe touche un salaire, il faut qu'il y ait prestation, qu'il exerce son art au profit d'un client, d'un bénéficiaire. Or son art est dans le questionnement des mœurs, des lois, et la définition de directions à suivre. Car selon Aristote l'optique du philosophe n'est pas le luxe d'une fortune importante, mais l'accomplissement d'une vie bonne, tournée vers la contemplation en vue d'une béatitude présageant d'une éternité comme daïmon guidant les générations suivantes. |
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Septembre 2022
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