Cette réflexion naît de l'Ethique à Nicomaque d'Aristote dans laquelle il commence en disant que les gens voient leur bien propre selon leur confort matériel, les honneurs qu'ils obtiennent, ou la contemplation du monde à laquelle ils s'adonnent. En soi c'est la reprise des 3 niveaux cités par Platon dans la République avec un étage charnel de désirs, un cœur vaillant prompt à la colère qui permet la guerre, et un intellect qui est la partie qui raisonne les deux autres. Mais ce que ne voit pas Aristote dans sa théorie de l'amitié alors que je l'ai trouvé présent autour de moi, c'est que les gens trouvent aussi leur bonheur dans les relations aux autres et les bienfaits qu'ils leur apportent. Je pense également que lorsqu'on trouve trois raisons possibles c'est qu'on en oublie une quatrième car l'équilibre du monde doit suivre la tétralogie des 4 éléments : terre, eau, air, feu.
De là il a été assez simple de sous-diviser de façon cartésienne ces 4 types de bonheur. L'hédonisme est la disposition d'un confort, de moyens, et de distractions, du pain et des jeux. Ce que les grecs voient comme l'honneur, dont il concevront la timocratie, la gouvernance par l'honneur, est en fait une capacité de pouvoir sur la nature et les gens, de vaincre des adversaires. Quant à la contemplation, pour faire écho à la doctrine stoïcienne, je préfère parler de sérénité, sublimant les pulsion émotives, développant la spiritualité (que les grecs appellent pneumatique), et la béatitude, cette traduction moderne de l'eudémonisme d'Aristote. Reste le plaisir de l'amour et de la solidarité qu'on trouve dans l'altruisme, même s'il est douteux, comme le dit Adam Smith, qu'on trouve du pain chez les boulangers par effet de pur altruisme. Mais ça sera peut-être grâce à cela qu'il sera travaillé avec dévouement pour que le consommateur se réjouisse de le manger. Car un autre facteur de bonheur est dans la liberté, que je définis par rapport au champ d'action laissé au libre choix par autrui, ceux qui composent la société où on vit. Aristote définit l'homme libre comme quelqu'un qui n'est pas l'esclave d'un autre, sa propriété, une bête de somme. Et en 1789 nous avons défini que la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres. Ce facteur d'action ne nous est donc pas intrinsèque, mais transcendant de l'ensemble de notre entourage qui peut par exemple nous fournir un emploi, solliciter nos compétences contre rémunération. De là est-il prudent par exemple d'émettre des opinions qui heurtent ceux qui pourraient nous vouloir du bien, qui devraient néanmoins nous respecter, pourvu qu'il y ait un dialogue portant à nous mettre d'accord ensemble ? Se pose le problème de la vérité, des théories pas toujours admises par tous, des idées qui dérangent. L'ego qui s'affirme atypique n'est pas toujours du goût de tout le monde, c'est la société qui en fixe sa moralité. Mais à ce schéma j'ai voulu ajouter ce qui relève du surnaturel car il est clair que de manière visible ou occulte une grande partie de la population est éprise de ce qui semble être des croyances, et qui ont l'air de leur procurer de la joie. Que ce soit dieux, énergies, astres, prophètes, un imaginaire se manifeste avec peu de réalité tangible, et provoque des adorations et des craintes, des rassemblements de pieux en prière, et quelquefois des violences contre ceux qui n'adhèrent pas à leur foi. Ce surnaturel influe sur la sérénité par des effets d'extase, et sur le pouvoir par les angoisses de la mort et de « mauvais œil » où l'impiété serait péché. Domaine méconnu réservé à la métaphysique et à la théologie, l'ésotérisme des enseignements est facteur de superstitions. Or si nous sommes réduits à postuler l'existence d'entités capables d'influer sur nos vies, il est effectivement judicieux de leur témoigner du respect et de l'affection. Nous arrivons donc à un schéma où le confort symboliserait la terre, le pouvoir le feu, la sérénité serait l'air, et l'altruisme l'eau qui s'imprègne. Reste alors le surnaturel qui est le domaine de l'éther, cette dimension céleste au delà de l’atmosphère. A chacun d'y prendre les éléments qui lui conviennent le plus, et de tolérer que les autres choisissent autrement que lui, sans les entraver. Il s'agit d'une synthèse de théories antiques éclairée d'observations contemporaines.
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Guillaume
International Business Controller. Chercheur en Sciences de Gestion. Ingénieur Systèmes d'Informations. Archives
Mai 2022
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