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Un problème sanitaire dans les débats ?

22/2/2019

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Nous nous sommes habitués à des spectacles télévisuels où des experts sont assis et confrontent leurs opinions, généralement de façon polémique. Le « noble art » de la boxe anglaise a été porté à la scholastique, ces débats moyen­âgeux où la raison devait l'emporter sur la folie. Et on en a déduit qu'il fallait laisser à chacun la liberté de ses opinions, mais contrôler celles exprimées publiquement dans des journaux par les services des Préfectures. Hélas Internet puis les réseaux sociaux ont rendu caduque ce paternalisme de l'Etat sur ce qu'il est acceptable de raconter aux gens sans moyen de les contredire. Si la TV et les radios semblent tenir, la presse est en déroute. Il est possible que cela soit lié au sensationnalisme, au niveau d'impact de ce que nos sens perçoivent entre la lecture, l'écoute, et la vision. Or je me questionne pour savoir ce qui est sain et ce qui serait malsain, ce qui est sanité et ce qui serait insanité.

Il m'a été donné d'identifier 4 modes d'expression des opinions :
  • dans un groupe débattant sur un thème, chacun apporte son opinion en l'étayant par sa propre expérience et ses éventuels savoirs (science) et semble mû par le désir d'être intéressant, d'apporter une contribution qui le ou la valorise ;
  • dans une conférence, l'orateur exprime l'opinion qu'il s'est forgé, seul ou à plusieurs, et l'étaye par des faits, des mesures, des sondages d'opinions, comme si cet orateur se prétendait d'une totale neutralité dans une potentielle polémique entre ses auditeurs ;
  • dans les « universités », je veux dire lieux de conférences de présumés savants (professeurs) à des élèves apprenants, le conférencier s'exprime comme s'il n'était qu'un agent ayant réussi à collecter tous les « bons avis » publiés par les autres savants, tel un Reader's Digest ;
  • et puis dans les rares personnes que j'ai identifié comme « vrais philosophes » tels Platon, Aristote, ou Olivier Frérot, et dont je tente de reproduire leurs manières de travailler, nous semblons amalgamer ces trois précédentes sources d'opinions pour bâtir les nôtres ;
Mais comme me l'a alors fait remarquer Olivier, il y a aussi l'aspect de la science, de l'objectivité des constats, où le rapporteur qu'est le scientifique fait de son mieux pour être exempt de croyances et de subjectivité. Aristote l'appelle un « physicien », par différence avec un mathématicien, et avec un théologue, et arrête avec cette distinction ce qui formerait les 3 savoirs théoriques intellectuels. En son temps il ne fait pas du divin, du surnaturel, une croyance superstitieuse, donc une opinion, mais une hypothèse de réflexion. Car il lui aurait été rédhibitoire de vouloir démontrer comme Nietzsche l'a fait que Dieu n'existerait pas dans un pays où il y avait une religion polythéiste d'état. Je veux dire ici que c'est très récent qu'on puisse aborder certaines hypothèses de réflexion sans déclencher des levées d'épées et de boucliers si vous heurtez des opinions qui se sont radicalisées.
Photo
God forgive you © Stéphane Cailler 2019

C'est à dire qu'il faut avoir la conscience, et peut-être la franchise de le dire, de ce qui relève du « je pense que » (opinion), du « je crois que » (imaginaire), et du « je sais que » (science). Et que d'autre part il y a dans la communication un émetteur et un récepteur, avec d'éventuels témoins qui n'ont pas forcément une position neutre dans cet échange, qui peuvent avoir pris parti pour l'un ou l'autre. Nous avons donc des potentiels d'intentions, pas toujours clairs, entre un donner-obtenir, un demander-obtenir, ou quelquefois un suggérer-obtenir. Certains désirent avoir raison, et d'autres ne veulent pas avoir tort, pour des motivations parfois obscures, ésotériques, réservées à des initiés.

Nous devrions alors avoir le réflexe de questionner l'émetteur, et donc la possibilité de le faire, sur ses désirs sous-jacents à l'expression de son opinion, ou de l'opinion d'autrui qu'il dit rapporter. Car ne cherche t'il pas à persuader le récepteur ? C'est là où des grecs de talent avaient mis au point l'art de la réthorique, qui peut se décliner à l'écrit, comme une technique astucieuse pour faire « gober » n'importe quoi à des récepteurs peu habitués, et exempts de précautions critiques dans ce qu'ils lisent ou entendent. Ainsi, en France, pour en prémunir le peuple, l'Etat avait chargé des fonctionnaires d'y veiller en lisant chaque matin tout ce qui était mis en vente ce jour-là dans les kiosques à journaux.

Car le récepteur qui se prive de questionner les intentions de l'émetteur va être tenté de les interpréter selon son propre système de valeurs. L'interprétation désigne le mécanisme cognitif qu'on applique lorsqu'on n'arrive pas à comprendre l'émetteur, surtout s'il parle une langue étrangère ou emploie des mots méconnus, afin de décider du sens des propos qu'il/elle reçoit. Quelquefois la communication est mauvaise, et demander de répéter ne sert à rien, il n'y a pas toujours une problématique de surdité, cela peut aussi être de l'imbécilité, qu'il faut s'avouer.

Mais l'émetteur n'est pas toujours enclin à avouer ses intentions, car il arrive que celles-ci soient iniques, malhonnêtes, ou pulsionnelles, inexplicables. D'autre part certains récepteurs n'admettent que leurs propres opinions comme fiables, et se fient aveuglément à leurs interprétations. C'est peut-être plus fréquent à mesure que l'âge avance de penser qu'avec l'habitude on finit par avoir moins souvent tort, mais il y a aussi souvent des jeunes gens qui veulent affirmer leur raison comme meilleure que les avis des anciens. Serait-ce là un effet de notre éducation scolaire ? Où lorsqu'on se trompe dans un exercice on se retrouve affublé d'une mauvaise note, sanction un peu débile avec un élève honnête, qui n'a commis de véritable « faute » que celle de ne pas avoir réalisé qu'il n'avait pas compris le cours et omis de le signaler. Car lorsqu'on vous demande « avez-vous compris » ce n'est pas une réponse scientifique, véritable, qu'on fournit, mais une opinion, voire une croyance.

Les seuls remèdes que l'humanité semble avoir trouvé à ces défauts de communication, et aux risques de propagation d'opinions manipulatrices, serait que l'émetteur et le récepteur se connaissent assez pour avoir confiance l'un en l'autre, que le récepteur se fie à l'information reçue, et que l'émetteur puisse se fier à une non-distorsion de ce qu'il émet. Et en l'absence de cette connaissance de l'interlocuteur, c'est sa fonction sociale, avec d'éventuels diplômes, qui en ferait son autorité.
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    Guillaume

    International Business Controller. Chercheur en Sciences de Gestion. Ingénieur Systèmes d'Informations.

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