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Y'a t'il encore une lutte des classes ?

15/2/2019

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Dans certains questionnaires sociaux on vous demande quelle est la classe économique dont vous faites partie : employé, cadre, agriculteur, étudiant, retraité, etc. Mais on ne vous demande jamais quelle est votre classe patrimoniale. Seules les banques le savent, et sans doute les services fiscaux. Il y a peut-être un rapport avec la « lutte des classes » dont a parlé Karl Marx. Cette idée de classes semble remonter aux Romains, mais à leur époque elle semblait bien plus claire, établie ; et était liée à leurs enrôlements militaires, car comme chez les grecs, les hommes étaient tous des soldats potentiels en attente d'un conflit éventuel, ayant à payer eux-même le coût de leur armement.

Il y avait donc les Juniors de 17 à 45 ans disponibles à la mobilisation, et les Seniors au delà qui servaient de réserve, de police urbaine, ou d'officiers supérieurs. Et puis il y avait 8 classes en fonction du niveau de richesse du patrimoine : les plus riches étant les sénateurs et juste après les chevaliers car ils formaient la cavalerie de l'armée, ces deux classes définissant les patriciens, puis six classes de plébéiens dont la moins riche s’appelait les prolétaires. Les métiers n'avaient pas d'importance et on peut se demander ce qu'il advenait de la production économique en cas de guerre. Mais en temps de paix leurs droits civiques n'étaient pas non plus les mêmes, et du fait des héritages, legs de fortune, la gens patricienne était relativement héréditaire, ce qui en a fait une vertu nobiliaire, par opposition aux vulgaires.

Or lorsque l'INSEE réalise une enquête pour établir le panorama du patrimoine des français et découpe la population en dix déciles, ne voyons nous pas apparaître cette même classification ?
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Il ne s'agit plus d'en déduire les affectation des conscrits, mais d'une part réaliser qu'on naît dans une certaine classe économique, sociale, et se demander si on y restera toute sa vie ou si on réussira à faire fonctionner son ascenseur, si possible dans la bonne direction, celle qu'on aura voulue. D'autre part à l'instar des Romains, ne serait-il pas d'un certain civisme que nos « patriciens » aient comme eux une certaine attention protectrice à l'égard de nos « prolétaires », ce qui s'appelait du patronage. Cela est effectivement un peu le cas par le biais de l'investissement du capital en moyens de logement des prolétaires, ou en financement d'entreprises où ceux-ci travaillent.

Quant aux « juniors » si on les prend jusqu'à 30 ans, leur patrimoine moyen est de 33 K€, à comparer avec les « seniors » de 60-70 ans qui sont à 345 K€. Ce saut en valeur étant souvent l'effet de l'héritage dont on bénéficie plus généralement après 45 ans qu'avant.
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Il faut alors regarder l'emploi de ce patrimoine selon les biens immobiliers qui servent à loger les gens ou à leur donner un lieu de travail, et le patrimoine financier qui est investi dans des capitaux d'entreprises ou des dettes d'autrui, ce qui permet de travailler ou d'accéder à un logement.
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L'immobilier à usage d'habitation peut se répartir en 3 catégories : locataire, propriétaire remboursant un emprunt pour l'achat, donc payant un loyer qui est une épargne, et plein propriétaire pouvant utiliser ce coût de l'habitation à d'autres dépenses ou investissements. Sachant qu'il y a souvent le cas du locataire dont le bail paie le remboursement de l'emprunt du bailleur, ce qui est une exploitation du travail du locataire en vue de l'enrichissement de l'épargne de son propriétaire. Les juniors sont davantage prolétaires que les seniors, les jeunes travaillent pour l'épargne des futurs vieux, leur permettre un complément de retraite en touchant des loyers en pleine propriété.

Il y a alors une distinction à faire entre l'investissement pour son usage personnel, comme une voiture ou un logement, et celui à but lucratif, de gain. Un bien immobilier, des parts d'une société, des obligations, ou même de l'or, ont une valeur qui fluctue, ne s'accroît pas toujours, et procurent un revenu qui peut être variable. Cela peut être le fait d'un besoin à combler, d'une attractivité, qui fait fluctuer le cours du marché (sauf pour les obligations qui dépendent des taux d'intérêt) et d'une capacité de rendement économique (sauf pour l'or qui ne procure pas de loyer). Une étude en 2013 de l'Autorité des Marchés Financiers sur un historique de 25 ans donne le rendement annuel des actions à 6,6% si on réinvestit les dividendes, et de 5% de l'immobilier si on réinvestit les loyers. Mais cela tombe à 2,6% si on encaisse les gains au fur et à mesure. Une question se pose donc de l'usage de ces gains en patrimoine et en rente. Car s'ils sont dépensés pour une « consommation », il faut bien qu'il y ait « production », donc des gens qui travaillent à le faire et en touchent un salaire.

La notion de société

Car il faut à présent faire une distinction dans les revenus entre ce qui provient d'un travail de production de biens ou services vendables, véritable valeur ajoutée ; ce qui provient d'une marge commerciale sur un courtage entre le producteur et le consommateur, incluant la logistique ; ce qui est une rente sur un capital détenu et investi ; et ce qui est pure administration bureaucrate, incluant la fonction de management économique des affaires. Tout le monde n'est pas fatigué de la même façon à la fin de sa journée, et n'a pas les mêmes possibilités de loisirs pour se détendre. Il est alors questionnable qu'un senior ayant un capital suffisant pour vivre de ses rentes puisse le cumuler à un emploi lui octroyant un salaire. C'est probablement pour cela que les sénateurs romains n'étaient pas censés tenir un commerce, leurs loyers devaient leur suffire, et leur laisser donc tout le loisir pour veiller à la bonne marche de l'Etat.

Une problématique que nous rencontrons maintenant est que la plupart des gens se soucient de leurs affaires personnelles, mais assez peu des affaires de la société, car il les pensent comme étant les affaires des autres, hormis les affaires publiques que sont les infrastructures de la société, parce qu'ils en bénéficient pour eux-mêmes. On veut bien dire « nous » tant que cela n'inclut pas un sacrifice de soi, surtout si cet « héroïsme » n'est pas imposé à tout le monde. Ainsi l'impôt sur les grandes fortunes oblige à une solidarité envers les prolétaires car si les gens veulent bien dépenser leurs revenus, ils n'aiment pas dilapider leur capital. C'est comme cela que les fondations emploient les revenus de leurs capitaux qui leur ont été alloués par des « mécènes », mais ne dépensent que les legs. Nous n'avons pas d'Andrew Carnegie qui dépense une part de sa fortune pour faire construire 2800 bibliothèques municipales. Nous verrions davantage se réaliser une forme « d’aumône » des nantis au profit des démunis et des malheureux, avec un éventuel objectif de se préempter une part de Paradis, comme le conseillait Blaise Pascal avec son « pari ».

Or il y a une « cause motrice » des investissements qui est assez étonnante, dont on reçoit sans cesse des réclames dans ses e-mails, c'est la défiscalisation. L'Etat réussit à manipuler la volonté des gens qui ont de l'argent en leur prélevant moins de taxes s'ils dépensent leur argent, capital ou revenus, dans certains besoins de la société. Par exemple il faut pouvoir loger les étudiants post-bac car les lieux d'enseignement sont dispersés sur le territoire, donc l'Etat suscite les investissements dans les résidences étudiantes. Alors que dans une société plus spontanée il pourrait être imaginé qu'un « patricien » créé une association de patriciens locaux motivés pour aider les étudiants, et qu'ensembles ils créent une SCI faisant construire une résidence, gérée par des salariés de cette association. Cela se fait peut-être mais il y en a peu de publicité.

C'est à dire qu'il y a deux aspects : celui du « pot commun » pour réaliser une œuvre collective, ce qui doit être la vocation du Trésor Public, et celui de motiver un individu à sacrifier une part de son être, temps ou argent, au profit de la collectivité. Ce second aspect a fait naître ces dernières années une pléthore de « crowd funding » et on ne peut plus faire un pas sans être sollicité pour donner à une cause ou un projet, avec bien évidemment la possibilité de défiscaliser ses dons. Car il apparaît deux types de personnes : celles qui ont envie de souscrire à des œuvres charitables mais ne savent pas comment, et celles qui savent comment y parvenir mais sont fauchées. C'est en fait ici la différence entre le contribuable et le fonctionnaire, avec l'emploi des fonds décidé par des élus.

Que faire de ses gains ?

Ce qui nous amène à questionner le lucratif dont le but est de faire progresser dans les classes économiques, le legs devenant éminemment lucratif pour son bénéficiaire, et le non-lucratif qui apporte à la société un bien ou service dont l'Etat ne veut pas se charger lui-même. Or le boulanger qui cuit et vend son pain à la société doit-il en tirer un lucre ou seulement un salaire non-lucratif ? Quel intérêt y'a t'il pour l'écureuil d'amasser des noisettes s'il ne sait quoi en faire ? Le « patricien » doit-il avoir les prérogatives d'un élu en décidant de son seul chef de l'emploi de ses fonds ? En se souvenant ici que le mot 'patricien' dérive de 'pâtre', donc d'un 'père' de la nation romaine, et qu'on attend d'un père qu'il aide ses enfants à grandir, pas qu'il soit d'un égoïsme féroce en laissant sa progéniture se débrouiller intégralement seule.

Car se pose alors la problématique du paternalisme. En créant une entreprise qui vend des biens ou services à des usagers, c'est le désir de ceux-ci envers votre production qui établit l'intérêt de votre travail pour la collectivité, et le lucre que vous en tirez. De la même façon la création d'une association par des bénévoles voit son succès par le nombre d'adhérents qui y souscrivent, y contribuent. Par contre si vous investissez, dans un but lucratif ou philanthrope, dans une activité qui n'a aucun succès, vous faites preuve d'un paternalisme qui n'intéresse personne, et je crois que les banquiers détestent cela car vos fonds sont alors dilapidés en pure perte. Il faut réfléchir avec sagesse aux cadeaux que l'on fait à ses enfants.

Mais si on prend l'exemple de Jack Ma ou de Bill Gates, ne devrait-on pas se dire que lorsqu'on a accumulé « assez d'argent » pour à la fois se permettre une vie confortable (dont le niveau est subjectif), et laisser un legs correct à ses propres enfants pour leurs besoins (dont le niveau dépend de leurs capacités à s'enrichir), on pourrait se mettre à employer cet excédent de fortune à des besoins de la société qui soient alors non-lucratifs ? Ce qui nécessite une compétence pour déterminer quels besoins sont à pourvoir, et des aptitudes pour les mettre en œuvre.

Sources de cet article (graphiques et données chiffrées) :
  • https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/patrimoine-des-francais-montant-et-130180
  • https://www.leblogpatrimoine.com/immobilier/prix/statistiques-quel-est-le-patrimoine-et-les-revenus-des-francais-en-2018-quelle-repartition.html
  • https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/finance-perso/epargne-et-placement/patrimoine/le-patrimoine-des-francais/
  • https://www.cbanque.com/actu/42510/placements-la-bourse-plus-rentable-a-long-terme-que-immobilier
  • https://www.latribune.fr/bourse/actualite/20130108trib000741226/24-millions-c-est-le-nombre-d-investisseurs-particuliers-perdus-par-la-bourse-depuis-2008.html
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    Guillaume

    International Business Controller. Chercheur en Sciences de Gestion. Ingénieur Systèmes d'Informations.

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