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Notre société est-elle malade?

21/6/2019

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Sens d'une maladie

Pour le savoir il faut d'abord définir les frontières de notre société, qui vont de la cellule familiale à l'humanité entière, en passant par les régions et les peuples nationaux. Puis se demander en quoi consiste une maladie. C'est un trouble du bien-être, de la bonne santé, qui peut occasionner des douleurs, se manifeste par des symptômes et des ressentis, de l'inconfort, et qui soit se soigne tout seul lorsque l'organisme est outillé pour y répondre, soit requiert des soins pour éviter que la maladie empire. Car dans le mot maladie il y a la racine sémantique du mal, et donc les maladies sont des maux, alors qu'un bienfait n'est pas une maladie mais un soin.

Selon Platon, dans une lettre aux Syracusains qui venaient de démettre leur tyran Denys, la bonne santé d'une société viendraient de lois qui veillent à l'âme (psyché), au corps physique (somatos), et à l'enrichissement économique (chrématistique) ; l'enrichissement devant être au service de l'âme et du corps.

Il nous est clair qu'en l'absence d'une bonne santé psychique et physiologique, l'activité économique est bien plus difficile, moins productrice, moins rémunératrice. Notre société française y est sensible et assiste financièrement les personnes malades pour qu'elles aient des soins et de quoi vivre. Nous leur souhaitons de se remettre vite de leur déboire afin de se remettre à travailler au plus tôt. Mais il y a alors une maladie un peu spécifique qui est de ne pas aimer travailler, d'être paresseux, ce qui énerve les autres ; Xénophon en parle déjà à l'époque de Platon, ce qui en fait une nature de l'homme. Il semble donc qu'il faille admettre une part d'oisifs dans une société, comme une sorte de manque de chance, ou de besoin naturel qu'on a appelé congés payés. Car la bonne santé implique de ne pas s'épuiser en travaillant, de se ménager des temps de repos, que comme le dit Aristote, le but de l'ascholé (occupation) soit la scholé (loisirs, études).

Or si on regarde le principe de Carl Jung lorsqu'il définit les causes d'une souffrance psychique, il le rapporte à des complexes, des ambivalences inconscientes où on ne sait si on se comporte bien ou mal, où une honte inavouée à soi-même perturberait notre âme. Si notre société ne souffre pas de famines ou d'épidémies, se préserve plutôt bien de l'obésité qui sévit dans d'autres pays, n'est pas trop dangereuse en terme d'accidents ou d'agressions si on la compare à d'autres zones du Globe, pourrait-elle souffrir de complexes ? Car lorsque j'écoute Michel Offerlé nous raconter son étude sociologique du patronat français, je me demande si ceux-ci connaissent le despotisme, mot grec désignant le maître de maison propriétaire d'esclaves ? Et la distinction qu'il fait entre les patrons catholiques et les autres me rappelle Saint Augustin qui martèle que le christianisme est une religion d'humilité et de charité ; ce qui ne colle pas très bien avec l'étymologie du mot patron qui désignait un patricien, un riche romain, protecteur de citoyens pauvres, d'où dérive le mot patronage.

Etats de l'âme

Nous avions également jusqu'à récemment une certaine bipolarité entre une droite capitaliste et une gauche socialiste, dérivant en une droite sociale opposé à une gauche caviar, où finalement nous avons élu une direction centrale qui n'a comme vraie opposition que les extrêmes droite et gauche, nationalistes et insoumis. Avec trois partis on se met à flirter avec le triangle maudit de Stephen Karpman (un élève d'Eric Berne) du Persécuteur-Victime-Sauveur, dans lequel on plonge si une interaction avec quelqu'un est mal gérée.
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Couverture « Ouvrage et Méthodes » © Stéphane Cailler 2019
C'est à dire que la victime s'exclame « pauvre de moi », que le persécuteur assène « c'est de ta faute », et que le sauveur intervient par un « laissez-moi vous aider ». Le pire étant d'être véritablement victime de quelqu'un qui gène votre travail et qui prétend que vous l'avez cherché. Parfois on aimerait les gifler, et là où souvent le persécuteur, pour asseoir sa domination, se prétend devenu sauveur, écrabouillant l'amour-propre de celui/celle qui galère dans son projet. Ramené au trio Mélanchon-Le Pen-Macron, c'est presque comique.

Dans cette situation Acey Choy (1990) propose que les intervenants se reconsidèrent en étant respectivement Assuré-Vulnérable-Attentionné, le premier expliquant ce qu'il veut, le second tentant de résoudre ses problèmes, et que le troisième n'aille pas jusqu'à résoudre les problèmes à sa place. C'est la nuance entre aider et assister. De là il pourrait y avoir un renversement de postures en devenant un trio Challenger-Créatif-Coach. Les débats politiques en seraient certainement apaisés, ce qui redonnerait peut-être envie à l'impressionnant taux d'abstentionnistes de retourner aux urnes. Au lieu d'un Président « homme providentiel » de la 5ème République, imaginer qu'il prenne une posture de coach d'un peuple créatif et assuré pourrait laisser entrevoir un bel avenir.

Resterait donc cette problématique de complexe entrepreneurial héritée de notre passé judéo-chrétien où on ne sait pas trop si comme le dit le Christ il faut vendre sa fortune et la distribuer aux pauvres, vivre chichement, ou reproduire cette société romaine que conspue Augustin dans laquelle des très riches exploitent la force de travail des prolétaires, et qui finit par sombrer dans une soi-disant débauche de mœurs. Avec selon l'INED (2008) 45% d'irréligieux, 43% de catholiques, et 8% de musulmans, doit-on opter pour une culture pré-établie ou inventer la nôtre ? Notre société actuelle où il est devenu aisé de s'amuser, boire et manger, bavarder, n'est-elle pas redevenue plus gréco-romaine que judéo-chrétienne ? Car comme eux nous nous concentrons dans des villes, où l'opulence se dispute avec l'austérité. La laïcité a fini par devenir de la sécularisation, qui me semble démarrer en mai 1968.

Car la religion signifie au départ le fait de relier parents et enfants, dominants et dominés, avec une optique où comme le dit Isocrate les Dieux sont possesseurs des vertus et des mœurs les plus nobles, qu'ils nous protègent et prennent soin de nous comme des enfants. Il blâme alors comme Platon les poètes qui font des Dieux d'obscènes pervers dont les méfaits resteraient impunis. C'est le même discours que tient Augustin pour vanter le Dieu Créateur en prétendant que les Dieux gréco-romains sont des incapables, ou que tiennent aujourd'hui les athées à l'égard des Abrahamiques. Est-ce qu'on ne serait pas un peu en train de tourner en rond ?
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Niveaux l'âme de Platon - République VI

Diagnostic

Or dans cette liaison parents-enfants, l'origine du lien est affectif, d'un amour de coach sur des vulnérables qui progressivement s'affirment. Qu'ils soient fictifs ou réels, concept abstrait ou entités surnaturelles, les religieux ont voulu les Dieux comme des pères aimant leurs enfants, quand les poètes les ont décrit infâmes pervers nous persécutant. Les religions nous avaient donc fourni une manière de donner un sens à notre société, un peu arbitrairement, comme un menu unique pour chaque nation, transcendant ou immanent. Nos parents (divins ou biologiques) nous ayant procréé, nous naissions dans un monde pour y vivre, avec le sentiment que ceux-ci avaient eu une bonne idée de nous le permettre. Sauf qu'en acquérant récemment le pouvoir de communiquer aisément depuis les 4 coins de la planète, nos enfants se sont dit entre eux que notre monde ne leur plaisait pas tant que ça. Les Dieux voient donc leurs enfants se détourner d'eux, alors que traditionnellement le fils ainé reprenait l'affaire de son père.

Nous arriverions alors à une ère adulte, ce qui se caractérise par la responsabilisation de ses actes, c'est à dire que nous devenons reconnus d'une autorité sur nous-mêmes, libre-arbitre de nos choix et nos actes dont nous assumerons les reproches et nos éventuelles fautes. Ce qui nécessite que notre comportement ne soit pas troublé par un état psychique (eg. Schizophrénie) altérant notre pouvoir de décider de nos actes, car nous redeviendrions irresponsable. Comme le dit bien Platon, le bon état de l'âme est indispensable à notre santé physiologique et économique. De là peut-on dire qu'une perte de repères est une maladie ou simplement un état transitoire ? Doit-on coacher ceux qui errent ou laisser leur créativité s'épanouir ? Tout le monde a-t'il comme le questionne Aristote les capacités intellectuelles d'être une autorité avisée sur soi-même, de mener sa vie à bon escient ? Notre société est-elle si malade, victime de maux, ou positivement en train de grandir ?

Mais avant de conclure il faut se rappeler ce que Platon dit de l'âme dans la République, qu'il ne s'agit pas que de l'état psychique, ou de l'éventuel « salut » que prônera Augustin, et que cela inclut aussi des niveaux de conscience et de sagesse. Il les classifie selon quatre degrés, qui sont l'imaginaire (conjecture) et la croyance (confiance) pour le domaine sensible, puis la pensée (réflexion) et la science (compréhension) pour le domaine intelligible. Il y a donc les connaissances de ce que nous percevons, éventuellement transmises par autrui, auxquelles nous appliquerons une réflexion personnelle afin que d'opinions reçues elles deviennent les nôtres. Mais ces opinions ne sauront devenir science, sagesse, sans être confrontées à d'autres opinions, potentiellement contradictoires, par le moyen de la dialectique, du dialogue sensé. Or justement dans les lois qui gouvernent l'éducation de nos enfants, ou nous fournissent des contextes de dialogues (réseaux sociaux), quelles méthodologies sont-elles employées pour exercer notre réflexion et nos dialogues ? Ne nous laisse-t'on pas réfléchir et causer comme bon nous semble ? Est-ce bien judicieux ?
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    Guillaume

    International Business Controller. Chercheur en Sciences de Gestion. Ingénieur Systèmes d'Informations.

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