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Le besoin de conseil philosophique

6/7/2020

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Une entreprise a besoin de savoir ce que ses potentiels clients cherchent pour savoir si ses compétences peuvent permettre de les satisfaire. J'ai donc réalisé une étude de marché d'où il ressort que mon marché serait peut-être plus B2C que B2B. En effet quand vous sollicitez le public pour savoir ce qu'ils veulent, ne sont motivés à vous le dire que la partie trouvant un intérêt à votre démarche. Pour les autres vous êtes un ennui, une pollution de leur temps précieux, ou un importun qui pose des questions dérange­antes.

Or la bonne nouvelle est que leur désir correspond à ce que j'offre depuis 2 ans : établir des concepts, des idées, qui viennent d'eux-mêmes plutôt que de « penseurs » qui ont réfléchi à leur place. Ce public a plus de 30 ans, 50 ans en moyenne, et a suivi des cours de philosophie au lycée à 80%, voire même après à 20%. Il sait donc de quoi je parle et ce que je cherche à faire. La différence entre lui et moi est que j'ai poussé l'étude et l'ai mise en œuvre en vue de la transmettre. C'est un peu la différence entre le bricoleur qui aménage lui-même sa maison et l'artisan qualifié qui vient faire un travail de pro.

C'est à dire que ma clientèle me ressemble car elle se répartit en 4 quarts égaux entre inactifs (chômeurs, retraités, invalides), indépendants en TPE, salariés de grandes entreprises, et fonctionnaires. Quasiment aucun employé de PME n'est intéressé, ou alors c'est qu'ils sont absents de Linkedin. Il est également notable la surreprésentation des chômeurs et des fonctionnaires dans les répondants comparé aux proportions que la DARES indique pour la répartition des emplois. Mais tous veulent acquérir une compétence en technique de réflexion.

Vouloir comprendre la société

Leur problématique est dans le décryptage de la société, du sens de la vie, de structurer leurs pensées pour vivre avec un meilleur bien-être psychique, que les choses aient un sens sans nécessairement être strictement rationnel. Il ne s'agit pas de trouver des réponses mais de nous questionner, de commenter nos usages, et de nous cultiver non pas avec des citations d'auteurs célèbres mais avec un bon sens rassurant. L'objectif est un éclairage du magma d'information qu'on reçoit dans lequel on trouve de tout pour savoir y prendre ce qui est sain, utile à savoir. La réalité a perdu son sens.

Cette demande ressemble beaucoup à ce qu'offrait Socrate aux jeunes athéniens selon une synthèse entre les trois sources dont nous disposons : Platon, Xénophon, et Laërce. Il me semble qu'à Athènes les sophistes, « experts en sagesse », pullulaient en racontant toutes sortes de choses dans des conférences ou des cours particuliers. Peu leur importait que ce qu'ils disent soit juste, l'essentiel était qu'ils semblent avoir raison, qu'on les écoute afin qu'ils en tirent un revenu. Socrate à l'inverse enseigne la réflexion, à se fier à soi-même plutôt qu'à des théories invérifiables. Il n'était pas possible à cette époque de tester si une hypothèse était vraie par une expérimentation. La validation des thèses va donc être introduite par ces « maîtres de sectes » sur la base d'un raisonnement logique.

Par la suite, avec le Moyen-Âge, il n'y aura plus de recherches qu'autour de la théologie. Les érudits seront les clercs. C'est à la Renaissance qu'on s'interroge à nouveau sur la nature du Monde (ou « Cosmos » chez les grecs) comme création divine présumée universelle dont les « lois » seraient à découvrir. Ils sont curieux de savoir ce que Dieu leur a donné comme milieu d'existence. Puis avec la Révolution Industrielle l'homme va devenir maître de cette nature par l'invention de toutes sortes d'appareils qui lui permettent de se libérer de cette nature tout en accroissant progressivement la qualité de vie. L'essor du PIB est phénoménal, pour atteindre actuellement une stagnation dans laquelle les améliorations ne sont plus que gadgets. Mais le dernier tout aussi spectaculaire est que l'humanité s'est interconnectée et qu'il n'y a plus ce filtre des comités de lecture sélectionnant les textes ou images communiquées au peuple.
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Les éclaireurs et les éclairés

Entre les divers courants politiques, officiels ou souterrains, les uns se raccrochent à des leaders qui clament savoir ce qu'il convient de faire, et les autres sont dans un scepticisme prudent, une « suspension de jugement », essaient d'y voir plus clair. Malgré tout le confort et la sécurité paisible la proportion d'anxieux et de dépressifs explose le besoin de consommer des drogues apaisantes, revitalisantes. On ne sait plus comment parvenir à une joie de vivre alors qu'on nous annonce des calamités et que les entreprises essaient de lutter contre la perte de croissance du PIB.

Car mes « sectateurs » (followers) ne veulent pas d'un Nième débat ou d'un exposé de littérature culturelle, ils veulent réussir à donner un sens à la société. Cela rejoint les réflexions des philosophes anglais des Lumières : rationaliser la compréhension de la société, cette chose qui n'est pas le fait du Dieu mais de l'homme lui-même. Ils veulent acquérir des compétences tout en se faisant plaisir dans l'idée d'une culture qui ne soit pas juste la connaissance d'œuvres produites mais un savoir de la culture dans laquelle ils vivent. La culture comme terrain sur lequel poussent des êtres qui s'épanouissent.

Chaque personne y a sa vision du monde, plus ou moins élaborée, qui quand elle s’en dépatouille avec succès la laisse penser qu’elle a créé un concept, un idéal. Si alors elle prêche cet idéal, elle va rencontrer un auditoire qui y adhère mais également des détracteurs. Les sophistes grecs étaient des experts pour détracter. De nos jours on note même des effets de polarisations hommes-femmes, comme si l'économie devait être sexuée. Certaines personnes voient les autres gens comme s'ils étaient des choses, ou même des sortes de menaces à la quiétude de leur existence. Il s'agit donc d'une culture où l'épanouissement dépend de sa propre capacité à comprendre l'environnement, et à en déduire l'art de s'y intégrer.
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Modalités pratiques

Cela peut-il s'organiser comme une formation ? Il paraîtrait dogmatique de raconter comment la société fonctionne car entre le discours des sociologues et les constats sur le terrain on voit bien que les sociologues racontent des moyennes. Leur tableau est schématique. Par ailleurs les méthodologies employées par les philosophes célèbres sont assez peu étudiées, on se concentre davantage sur les résultats auxquels ils ont abouti, comme des opinions auxquelles on adhère ou qu'on réfute. C'est une considération inverse de celle qu'imagine Simon Sinek, que les choix se feraient sur les valeurs, puis sur la méthode, puis sur la chose produite. Justement Philippe Silberzahn pense que le consommateur veut son bien en se moquant des raisons qui l'ont fait exister.

L'étudiant est-il alors un consommateur comme les autres ? Ici il semble viser une indépendance de sa pensée, et une lucidité qui lui permette d'évaluer la qualité de ce qu'on lui raconte. Que cette formation soit online ou en présentiel le soucie peu (à 72%), voire même lui plait ainsi (à 14%). Cela permet avec des moyens numériques de bonne qualité des classes où enseignants et élèves peuvent être n'importe où dans le monde. La difficulté est plus dans la marchandisation pour laquelle cette « formation » n'est pas un « processing » duquel on ressort avec un certificat. Il s'agit davantage de tutorat ou de mentorat, sans être pour autant un coaching. L'expert professe son art. La rétribution de l'effort engagé par l'expert ne peut donc être tarifée et doit être laissé au libre-arbitre des élèves. Sémantiquement il me semble qu'il s'agit là de don et contre-don maussien.

L'organisation est la suivante : sur le concept qu'on cherche à définir un premier texte d'étude et analyse est rédigé puis lu en début de séance par les participants. S'engage alors entre eux un dialogue tels ceux de Platon comme une explication de l'analyse et les idées sont notées au fur et à mesure afin de conserver l'ordre des arguments. Si un argument ne paraît pas logique il est questionné, ou alors réfuté par un autre argument. L'essentiel est de suivre une rationalité déductive, inductive, ou abductive. Le résultat est une hypothèse, telle « qu'enseigner c'est être », qui sera retranscrite par écrit pour être publiée. A force de pratique les participants se lancent dans la rédaction et dans l'animation. Ils deviennent les auteurs de leurs propres opinions qui font donc force d'avis.
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    Guillaume

    International Business Controller. Chercheur en Sciences de Gestion. Ingénieur Systèmes d'Informations.

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