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Les bons, les brutes, et les truands

31/8/2018

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C'est le dernier vendredi du mois, celui où j'essaie d'expliquer ce que je cherche à faire car c'est visiblement obscur pour certains de mes suiveurs sur les réseaux sociaux, ou des contacts plus personnels d'experts qui ne comprennent pas pourquoi je m'y prends ainsi. Une question fréquente est « en quoi consiste votre métier ? » et j'y ai déjà répondu le mois dernier, mais ce qui revient aussi est le « tu devrais... » de gens qui m'imaginent comme tout entrepreneur, ayant pour but de diriger un commerce, vendre des biens ou des services. Hélas ces suggestions que je reçois correspondent à des questionnements que j'ai étudié 6 ou 12 mois plus tôt. Or à mesure que j'avance je me demande, hors livres que je pourrais écrire, si ce que je fais peut faire l'objet d'un commerce ?

Je n’ai pas totalement renié l’idée de tirer un revenu de mon métier, mais il m'est désagréable d'imaginer « vendre » mon travail. En particulier je veux pouvoir apporter aussi bien à un SDF qu’à un millionaire, car il n’y a pas réellement de différence entre les deux. Il m'arrive ainsi de discuter avec des SDF qui sont bien plus raffinés que certains chefs d'entreprise. Par contre je vois une différence entre ceux qui se plaisent à réfléchir et montrent un élan de bonté, et les autres, sans m'expliquer encore d'où provient leur choix. Il ne semble pas se corréler à leur CSP, bien au contraire ! De là mon objectif n'est pas de fournir ou de servir : je me suis fixé comme occupation de faire réfléchir. Comme une sorte de club de sport cérébral, car mes « adhérents » y trouvent un plaisir : je les stimule.
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Mais ce qui m'apparaît, et qui semble une certaine constante humaine que je retrouve dans les propos d'Aristote et les dialogues écrits par Platon, c'est que les gens qui peinent à réfléchir deviennent brutaux. Ils perdent leur discernement, ce qui signifie une perte de connaissance, mais surtout de la conscience de cette lacune. A un moment ils ont arrêté de vouloir comprendre, ils se sont contentés de ce qu'ils croyaient car cela leur suffisait pour exister. Est-ce une perception naturelle et subjective qui vient en vieillissant, à mesure qu’on s’assagit, ou un phénomène moderne ? Ainsi dans l'Ethique à Nicomaque Aristote fournit de nombreux exemple de comportements brutaux, violents. Se pourrait-il qu'il y ait ce qu'on appellerait dans l'industrie des « niveaux de finition » de différentes qualités ? Il est vrai que nous ne sortons pas d'une chaîne de fabrication avec un contrôle de qualité et des mises au rebut des êtres moins raffinés, encore heureux ! Quel monde serait-ce alors ? Où serait notre humanisme ? Ne devons-nous pas alors nous admettre les uns les autres diversifiés, comme issus de l'atelier d'un artiste ne produisant que des pièces uniques, un artisan parfois malhabile, parfois talentueux ?

Au début de l'ère industrielle, au XIXème siècle, une branche de ma famille est venue d'un ancêtre liégeois, né en 1819, qui exerçait la profession d'ajusteur mécanicien car les productions des usines nécessitaient des ouvriers spécialisés pour fignoler les pièces produites, afin qu'elles puissent s'assembler avec d'autres correctement. A cette époque ces ouvriers régnaient en maîtres dans les usines car sans eux presque toute la production aurait été mise au rebut tellement les machines-outils avaient des jeux causant des incertitudes de production.
Or je trouve que nous avons dans notre société moderne de nombreux « défauts d'assemblage » quand on constate les colères qui conduisent presque sans cesse des foules manifester dans les rues, avec l'expression d'une brutalité qui démolit tout sur son passage, tel des Attila en herbe. Cela rappelle le fonctionnement d'une locomotive comme celle de Jean Gabin dans la « Bête Humaine ». Avec des sous-ensembles qui tendraient à se coincer et faire bouillir la chaudière dangereusement.

Ceux qui s'en tirent alors bien pendant un certain temps sont les truands, mot gaulois signifiant un tricheur, quelqu'un qui ne respecte pas les règles, que Lynn Truss qualifierait peut-être alors d'arrogant. Sauf que les truandages à grande échelle, comme Volkswagen ou Monsanto, en cols blancs, commencent à être sévèrement réprimés. Déjà que la machine tend à se coincer, on lui demande en prime de fonctionner selon un mode d'emploi admis, pas à sa guise.
Nous avons donc, face à ce chaos potentiel, résolu de doter un petit nombre d'entre nous de pouvoirs sur nous-mêmes. Nous nous sommes assujettis de manière volontaire, nous avons résolu qu'il fallait édicter des lois pour réprimer les brutes, et les plus flagrantes truanderies. Ce qui a un coût : ces gens-là ont besoin de vivre et le pouvoir que nous leur octroyons implique des compétences professionnelles qui méritent mieux qu'un SMIC en rémunération. Il faut bien motiver les candidatures de gens brillants qui pourraient espérer mieux autrement. Mais je ne suis pas certains que nous élisions pour autant les « bons » vu comme ils s'étripent à l'Assemblée Nationale.

Donc la question est de savoir qui serait enclin à soutenir mon activité, à m'y aider financièrement en me versant de l'argent pour que je continue à la mener ? J'ai de la peine à croire que des particuliers se cotisent pour cela et il me semble qu'un meilleur support viendrait d'institutions. Reste à déterminer lesquelles ? Et puis avant d'y parvenir il faut démontrer des résultats visibles, que par exemple des témoignages s'accordent afin qu'ils soient crédibles et permettent un jugement, comme dans un tribunal. Nous n'en sommes pas encore là...

Mais, si vous avez envie de me prodiguer un conseil, diriez-vous que je peux être utile ainsi à notre société, à notre communauté ? Question qui s'étend à tout individu qui serait ainsi mû par une énergie visant à améliorer le bien-être collectif mais qui agirait seul au lieu de s'associer (loi de 1901) ce qui le priverait d'un potentiel de subventions publiques, de l'attribution d'une partie des ressources tirées des prélèvements obligatoires, nos impôts. Le problème réside dans la finalité lucrative de l'activité : les associations sont (théoriquement) à but non lucratif et si leur objet social est sociétal, elles participent à la vie de la cité, donc la cité peut les y aider. Il faudrait donc alors que l'activité de ces individus isolés soit non lucrative, tout en leur permettant de vivre convenablement, et qu'il aient une utilité sociale, leur emploi, qui ait un but sociétal. Est-ce si difficile que ça, hormis les potentiels truands ?
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    Guillaume

    International Business Controller. Chercheur en Sciences de Gestion. Ingénieur Systèmes d'Informations.

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