Une entreprise est une unité économique combinant capitaux et main d’œuvre en vue de fournir des biens ou services, en général commercialisés. Elle est représentée par un responsable légal, chef d’entreprise, qui peut employer des salariés pour concourir à l’activité, collaborer, ou sinon choisir de rester indépendant, solitaire. En droit français le salariat est défini par l’existence d’un lien de subordination à une autorité qui définit le travail à fournir, comme l’ont montré les récents cas juridiques avec les chauffeurs-livreurs uberisés, indépendants requalifiés en salariés. La nuance joue sur les taxes appliquées sur le travail et les pensions auxquelles on a droit. Il apparaît donc avec cette subordination une problématique de savoir si le salarié est manipulé, instrumentalisé, aliéné, ou réifié. Pour Aristote il y a peu de différence entre le salarié et l'esclave, mais que si on n'est pas apte à gérer ses affaires soi-même (chrématistique), il est judicieux d'être l'esclave d'un despote qui s'occupe de vous, vous commande. Car si le chef d'entreprise peut être solitaire, indépendant, dès lors qu'on est salarié on forme une équipe avec lui. Lorsque un navire se déplace, tout l'équipage est emporté dans la même direction. Or il est notable chez les terriens que la direction voulue par le chef d'entreprise n'est pas toujours approuvée de ses équipiers, que certains sont moteurs mais d'autres des freins. Genres de chefsIl y a divers styles de chefs comme nous l'indiquent les étymologies latines :
Aux USA dans les années 1920 le leader cherche à être un commandeur, puis son action s’assouplit et vers 1980 il devient conducteur, et même gouverneur démagogue. Alors qu'en France les grandes industries vont plus souvent être administrées par d'anciens hauts fonctionnaires que par des fortunes familiales, ou des fortunes individuelles. Nous nous donnons une image traditionnelle du patron qui se retrouve plus dans les petites PME que dans les grandes entreprises. Car le mot patron se rapporte aux patriciens romains, à une noblesse déterminée par le niveau de richesse, et comporte une vocation de protection des faibles (patronage) en plus de leur prospérité qui s'articule avec une relation de pouvoir employeur-employé plutôt paternaliste. Pour Henri Fayol (1916) le commandement des salariés doit se faire avec bienveillance pour tenter d'obtenir leur dévouement, leur engagement à la cause de leur patron. En anglais le mot désigne un client régulier d'un restaurant. Il ne suffit donc pas d'être chef d'entreprise pour être patron, il faut aussi en avoir le contrôle stratégique (majorité de voix) et appliquer un style de relation particulier. Être subordonné ou dirigeantLe déterminant majeur dans le choix d'être salarié ou entrepreneur dépend à la fois de la régularité des revenus, leur certitude, et dans les compétences pour développer une affaire suffisamment afin qu'elle soit prospère. Il est peu visé en France d'atteindre une croissance vertigineuse comme Jeff Bezos et beaucoup de dirigeants de PME se plaisent dans une constance économique qui leur procure le niveau de vie qu'ils aiment sans avoir les difficultés de faire toujours mieux qu'avant. On parle ainsi d'un « taux de survie » des entreprises au delà de 3 ans car 30 à 40% disparaissent, ce qui crée un solde « démographique » positif en Saône et Loire (par exemple) d'environ 860 entreprises nouvelles chaque année (2450 créées et 1590 fermées) pour une « population » de 23 660 établissements dans le département (soit 3,6% de croissance annuelle en nombre). Mais il y a également une composante psychologique que nous avons vu dans le précédent atelier selon qu'on est mouton ou rebelle. Or traditionnellement le patron est assez revêche avec les directives de l'état car elles restreignent sa liberté d'action et lui donnent du travail supplémentaire pour être en conformité avec les lois et les normes. Le chef d'entreprise est plus conservateur que progressif car il peut avec des lois stables définir sa stratégie et avoir le temps de la mener à terme. La psychologie joue aussi sur les attentes des salariés et il est admis qu'en plus de leur salaire ils désirent se sentir importants, reconnus, valorisés, et sont soucieux des performances, des leurs comme de celle de l'entreprise. Leur superviseur devra en tenir compte pour créer une dynamique collective et entretenir leur motivation. Il ne se conçoit plus qu'un salarié travaille comme « on va à la mine » extraire du charbon à la force du poignet pour nourrir sa marmaille comme dans le roman de Zola. Car au final, sans entrepreneurs, point de boulot. La TVA doit être collectée et c'est leur fonction. ÉmergencesIl semble que l'Amérique nous induit une réflexion sur notre organisation par des nouveaux modèles qui ont été testés là-bas car leur droit du travail leur permet. On voit apparaître des désirs de structures où les acteurs disposeraient d'une plus grande liberté d'action, où les salariés seraient responsables eux-mêmes de leurs travaux, comme ça se voit chez les membres d'une association type Loi de 1901. On trouve ainsi des nouvelles « coopératives » où chacun peut faire ce qu'il veut sous une ombrelle d'un contrat de travail salarié, ce qui détourne la loi. Ces gens-là devraient plutôt être immatriculés comme travailleurs indépendants et facturer leur coopérative. Mais le problème est que toute la société est structurée autour de contrats de travail en CDI car sans eux pas moyen de se loger, les bailleurs et les banques vous le réclament pour vous octroyer l'accès à un logement, loué, acheté, ou construit. De même les pensions de retraite sont plus élevées pour les salariés que les indépendants, car ceux-ci sont présumés dégager une marge plus importante sur la facturation de leurs travaux, et donc économiser davantage, en plus de pouvoir revendre leur activité. Il y avait donc ce Reflexive equilibrium de John Rawls, ce compromis entre les intérêts des uns et des autres pour établir les lois, qui est actuellement mis à mal par une minorité d'activistes. Pour aller plus loin : https://www.persee.fr/doc/reco_0035-2764_1958_num_9_6_407332
-> patron traditionnel tel que vu en 1958 https://www.cairn.info/revue-humanisme-et-entreprise-2012-2-page-29.htm -> le chef d’entreprise de PME, patron moderne https://www.mentorys.fr/comportement-et-priorites-pour-une-dynamique-vertueuse/ -> comparaison patron/leader https://www.konvert.be/fr/nouvelles/les-cinq-types-de-patrons-lequel-voulezvous -> genres de boss http://economia.ma/fr/content/90-ans-de-th%C3%A9orie-sur-le-leadership -> 4 types de leaders historiques http://cafes.thucydide.com/IMG/pdf/Livret-Cafe-Histoire_Patrons.pdf -> rapport du patron à l’Etat
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Guillaume
International Business Controller. Chercheur en Sciences de Gestion. Ingénieur Systèmes d'Informations. Archives
Mai 2022
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