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S'engager ? Oui mais dans quoi ?

26/10/2018

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On débat beaucoup dans le monde occidental de la « perte d'engagement » des salariés. Cela provoquerait des pertes en terme de rendement des entreprises, de productivité. Certes entre un travailleur « engagé » dans son emploi et un autre qui ne l'est pas, il est facile de se douter que le premier sera plus vaillant à sa tâche que le second qui ne l'effectuera que comme une corvée. Entre un travailleur volontaire et un autre « désigné d'office » ou « tiré au sort », l'entrain n'est pas le même. Mais se pose alors une problématique de liberté, d'une sorte d'esclavage volontaire, où il reste important que l'employé ait le pouvoir de refuser une instruction pour conserver son libre-arbitre, ne pas être asservi à un despote. Et d'autre part de déterminer quels mobiles peuvent inciter un employé à s'engager plutôt que rester passif.

Dans les 17 jobs et plus que j'ai tenu dans ma vie, je n'ai fait de « vieux os » que dans ceux où le contexte motivait mon entrain et donc mon engagement. Mais j'ai aussi rencontré des situations dont je me suis dégagé très vite car par chance j'ai toujours eu les moyens de me libérer de situations périlleuses. Tout le monde n'en a pas cette possibilité et doit parfois rester comme un rameur enchaîné dans une galère. Il y a par exemple des situations intenables pour un comptable s'il découvre des fraudes ou malversations : sa responsabilité pénale devient engagée comme complice. Les américains ont étendu ce principe de responsabilité en condamnant à 7 ans de prison un malheureux ingénieur de chez Volkswagen qui avait eu la sotte idée d'aller passer ses vacances en Floride. Malgré qu'il fut salarié en Allemagne et obéissant à ses managers dont il était le subordonné, il a été puni pour complicité dans le trucage des moteurs.

Ces exemples montrent qu'il peut nécessiter des précautions dans son engagement dans l'activité d'une entreprise, qu'il faut en avoir une bonne connaissance pour éviter les ennuis, tant déplaisirs que lassitudes. Sa propreté éthique doit être compatible avec la vôtre. Il faut donc que vous puissiez vous en rendre compte suffisamment facilement, et que vous disposiez comme les conducteurs de bus ou les agents publics d'un « droit de retrait » lorsque cela commence à devenir dangereux pour vous. S'engager n'est pas un acte kamikaze. Mais ce qui rentre aussi dans une dimension éthique, morale, est l'ambiance qui règne dans l'entreprise. Si le management est tyrannique cela va vous choquer et j'explique pourquoi dans mon article du 12/10/2018 sur la gouvernance des entreprises. S'il règne des relations de mépris ou de méchantes jalousies entre employés cela va vous stresser. Elles se produisent lorsque au lieu d'une camaraderie, d'une forme d'amitié, de compagnonnage, c'est un sens de la compétition qui fait rage où les uns veulent gagner des droits et les autres ne pas en perdre. L'équilibre et l'harmonie qui naît de l'équité est rompu par un sentiment d’iniquité, d'injustice. La justice et le respect des lois sont donc des prérequis indispensables à l'engagement des employés, car autrement ne s'engageront avec vous que des tricheurs et votre entreprise deviendra une truanderie vouée à être un jour démantelée.
Mais il y a un autre aspect dans l'engagement, une fois écartées les causes de désengagement, c'est que vous devez ressentir une amitié pour votre travail. C'est à dire le trouver, tel que le définit la théorie de l'amitié d'Aristote (Ethique à Nicomaque), plaisant, intéressant, et vertueux. Il ne doit pas vous causer une souffrance car c'est un déplaisir, un ennui.
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Il doit vous enrichir tant financièrement qu'intellectuellement, principe de l'intérêt, car si le corps a besoin de nourriture, de vêtement, et d'un abri que l'argent permet d'acheter, l'esprit a lui aussi besoin d'être stimulé pour ne pas s'abrutir. Le travail doit donc être source d'apprentissage, de calculs, de raisonnements, de contemplation. Quant aux vertus elles doivent être en rapport avec les vôtres, pas nécessairement avec celles de vos collègues, même s'il est mieux que vous partagiez tous les mêmes, mais cela nuit alors au bénéfice de la diversité pour l'émergence d'idées nouvelles.

Il paraît alors pertinent de se souvenir des mots latin otium qui est le loisir, l'oisiveté, et le negotium (négation de l'otium) qui a donné le mot négoce en signifiant une occupation, un travail, une affaire. D'un côté comme le dit Marx le travailleur échange sa force de travail contre un salaire, mais cela veut dire qu'il doit être au maximum dans l'action, la praxis. Et de l'autre il est souvent difficile de réfléchir tout en agissant, ou en écoutant, car on est alors pris par l'action, sauf si l'habitude qu'on en a pris est telle qu'elle est devenue automatique, mécanique. Mais « avoir la tête ailleurs » est cause d'erreurs ou d'accidents. De ce fait comment reste-t'il possible de pouvoir employer son esprit à analyser sa situation, concevoir, prévoir, comprendre, contempler ? Comme le dit Aristote, le travail occupé à exécuter des ordres avilit car on s'occupe alors comme une bête. Ce qui implique que dans notre société moderne devenue d'une complexité énorme, où les tâches simples sont exécutées par des robots dans les usines, il faut s'accorder une part de loisir, d'otium, pour réussir à pouvoir penser par soi-même, et exercer son libre-arbitre avec sagesse.

Ce qui voudrait dire qu'il y aurait un rapport entre s'engager et la confiance que l'on peut placer dans l'organisation que l'on rejoint, qu'on ne la perçoit pas comme nocive pour soi, mais au contraire bien-faisante. Car l'Homme, en large majorité, a l'envie de faire le bien, le beau, et être juste. C'est ce qui selon Socrate définit les critères de ce qui est éthique. Mais le souci est que tout le monde n'a pas la même notion du bien, certains le voient dans l'accroissement de leur fortune, d'autres dans les soins qu'ils apportent, d'autres enfin dans l'excellence de leurs vertus. Et quant au beau les goûts ne sont pas les mêmes pour tous, surtout en matière d'art. Même dans la justice certains veulent une distribution en parts égales, d'autres en parts proportionnelles à leur mérite. C'est là la différence entre la démocratie et l'oligarchie. Il y a donc toute une réflexion à mener, qui n'a rien d'un loisir, pour concevoir une constitution de l'organisation qui équilibre les attentes de tous les travailleurs.
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    Guillaume

    International Business Controller. Chercheur en Sciences de Gestion. Ingénieur Systèmes d'Informations.

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