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Spiritualité et matérialisme

22/3/2019

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Cela n'est pas parce qu'on se veut un philosophe tourné vers le monde des entreprises qu'il faut faire l'impasse sur la connaissance du « ce que c'est » de l'immatérialité. Ce serait comme si les comptables se mettaient à refuser d'enregistrer les coûts d'achat des logiciels et brevets dans les immobilisations au bilan. Tout n'est pas tangible. Or il m'apparaît de manière flagrante en portant mon attention sur les newsletter du MEDEF que je reçois, ou les occasionnelles publications ayant trait à la spiritualité sur Linkedin, qu'il y a une sorte de fracture sociale qui découle de la laïcité : on a fait des croyants une sorte d'hurluberlus à l'imaginaire débordant, qui ne communiquent qu'entre eux de leurs idées, et créent une ségrégation nuisant à notre bonne coexistence et coopération. Le matérialisme économique règne, le divin n'est qu'un imaginaire pour crédules.

Or qu'il y ait des crédules et des incrédules, c'est humain, cela a toujours existé. Par contre qu'une partie de la population décrète ce qu'il en retourne du divin et l'impose à tous les autres est plus occasionnel, mais les faits de théocratie arrivent aussi. Doit-on alors pour éviter les bagarres réussir à convenir collectivement d'un modèle qui plaise à tous ? Cela semble être de la médiocratie. Le sage ne doit-il pas avoir un questionnement critique, une contemplation, avant de se forger une opinion ? Doit-il se la faire seul dans un isolement social, ou entendre divers avis divergents, ou n'entendre qu'un seul avis cohérent, celui de religieux ? Je questionne ici le concept du catéchisme et éducations équivalentes. Car il est assez évident qu'au bout de quelques siècles de tâtonnements, les dogmes finissent par être au point, et les discours extrêmement persuasifs. Les experts du marketing et de la communication sont les rois de ces problématiques.

A mon sens le principe qu'il y ait un Dieu Unique et Ineffable, ou des Dieux Multiples et Nominatifs, est relativement secondaire. Plus important est de savoir s'ils sont capables d'un effet dans le monde réel, car sans cela autant être athée et se poser moins de questions. C'est probablement pour cette raison que la survenue de miracles est étudiée avec soin par le Vatican. Les scientifiques les passent – j'espère – eux aussi dans leurs fourches caudines, de la même manière que les constats d'OVNI sont en général expliqué avec un taux de succès estimé à 97%. Car le lieu miraculeux le plus réputé est la grotte de Lourdes, malgré son taux de succès minuscule. Beaucoup font le voyage un peu pour rien, si ce n'est pour le tourisme religieux. Or pour ma part, à force de rencontrer des athées, des croyants, et des religieux, clercs ou laïcs, j'ai fini par en distinguer quatre catégories : les illuminés et les raisonnables, les charitables et les impitoyables. Or un athée peut très bien être un illuminé (par son athéisme) impitoyable, tandis que les religieux sont souvent raisonnables et charitables. A vous de voir avec quel genre de collègue il vous est le plus aisé de travailler, quel genre de concitoyens vous voulez comme voisins.
Photo
Celestial gamenight © Nicolas Rosquin 2019
Un autre questionnement, dont l'origine se perd dans la nuit des temps, est de savoir si le divin est transcendant ou immanent. Un Wican et une shaman de mes connaissances m'ont parlé d'une « Source » d'où rayonnerait une énergie qui viendrait à ruisseler jusqu'en chacun de nous. Cela rejoint l'idée du « Moteur Premier Immobile » d'Aristote, l'origine de toutes les motivations, en particulier celle de la vie sur Terre, dont Thomas d'Aquin se sert pour définir que le Dieu Unique est une « pensée qui se pense elle-même ». Mais d'un autre côté, ce qui semble une tendance chez un grand nombre de monothéistes contemporains, serait l'idée que le divin serait au fond de chacun de nous, principe qui est celui de « l'âme » d'un canon : le vide central grâce auquel il fonctionne. Or c'est aussi là le principe grec de l'enthousiasme, le fait d'être possédé par un Dieu, et du démoniaque, qui est possédé par un démon. Le démon étant chez les grecs l'âme d'un vivant qui, au lieu de rejoindre les Îles Bienheureuses (nom donné à leur Paradis par Platon) ou l'Enfer d'Hadès, restait parmi les vivant pour les hanter et les perturber. Car l'eudémonisme dont Aristote vante la vertu de béatitude est justement d'atteindre cette immortalité, ce qui ressemble au destin des Saints de l'Eglise que celle-ci vénère.

Nous pouvons donc étendre le principe du « pari de Pascal » qui recommandait que face à un agnosticisme, il valait mieux opter pour l'éventualité d'un Paradis, avec une considération d'un démonisme pour lequel, dans l'éventualité qu'il soit réel, soit tenu par des Saints plutôt que des brigands. Mais il y a alors pour les détracteurs incrédules ou matérialistes la notion de l'imaginaire. Ces considérations ne seraient-elles que pure fantaisie (phantasia en grec) ? Et dans ce cas les églises qui prélèvent des dons financiers de leurs fidèles ne seraient que des escrocs profitant d'angoisses existentielles, en particulier des personnes dont l'âge rend l'espérance de vie assez courte ? Nous n'aurions donc pas qu'un problème philosophique, nous en avons également un qui concerne la protection des personnes psychiquement faibles, démunies face à des angoisses. En agitant des risques eschatologiques, l'éventualité de tirer à pile ou face entre un néant et un au-delà, et que cet Au-Delà puisse être cauchemardesque, l'idée de Blaise Pascal n'est pas idiote. Certains ne doutent pas une minute de ce qui les attend, et je leur souhaite sincèrement de ne pas être déçus. Comme l'a dit Woody Allen, « l'éternité, c'est long...surtout vers la fin. »

Il y a donc autant un aspect psychologique que mystique dans la spiritualité ; ce n'est pas qu'un phénomène social à visée communautaire comme le prétendent les matérialistes. Sur le plan de l'âme, mot latin synonyme de psyché en grec, il se produit une forme « d'effet placebo » ayant des vertus anxiolytiques parfois hallucinatoires. C'est cette idée « d'opium du peuple » à laquelle pense Karl Marx. Par contre dans la dimension mystique, du fait du matérialisme ambiant, c'est le grand tabou. De surcroît les dogmes judaïques et évangéliques ayant conçu le domaine divin comme impénétrable, mener des recherches théologiques de ce type serait se mettre presque toute l'humanité à dos. Ce qui ouvre le champ libre à toutes sortes d'inventifs qui fédèrent autour d'eux qui veut bien croire en leurs théories. Or pour citer Aristote, « si le divin existe, il faut en faire la philosophie primordiale de toutes les sciences ». Il a donc dû paraître bien plus facile de décréter qu'il n'existait pas, ou qu'il était nécessairement conforme aux écritures saintes, afin qu'elles puissent le rester, et que les théocraties subsistent en toute sérénité.
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    Guillaume

    International Business Controller. Chercheur en Sciences de Gestion. Ingénieur Systèmes d'Informations.

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