Le mois dernier, nous avons établi une étude, un audit, de vous-même dans lequel ont pu ressortir des besoins de changer d'existence, de mode de vie. Mais vous avez tout aussi bien pu conclure que tout allait bien comme ça, à part quelques mesures « cosmétiques » pour fignoler une situation qui vous convient. Au cas où vous seriez arrivé à en déduire que votre situation actuelle ne va plus être tenable longtemps, il va falloir organiser un déménagement vers une situation plus propice à la continuité de votre épanouissement, et passer en mode projet. Sachant que cette difficulté, qui vous amène à ce problème, cet obstacle à franchir, peut tout aussi bien être intrinsèque car seulement lié à vous-même, qu'être extrinsèque car lié à un environnement de gens ou de moyens qui ne s'accordent plus avec vous, surtout si vos amis vous ont dit que vous cassiez des pieds sans le savoir. Il y a alors deux méthodes principales de gestion de projet : planifiée ou agile. Leurs tenants se conspuent mutuellement en disant que la leur est la meilleure, le choix va donc dépendre de vos habiletés et confort d'organisation. Dans la planification, après l'étude que nous avons faite vient une phase de développement, suivie d'une phase de lancement, avant d'arriver à celle pérenne de l'exploitation, des opérations. Alors que dans l'agilité, on va choisir un but plus ou moins précis et on va ajuster son développement tout en lançant son exploitation : en clair, vous changez brutalement de job, de ville, ou de pays, et vous vous adaptez en cours de route, espérant avoir fait un bon choix, quitte à en changer si une meilleure opportunité se présente. Il me semble que l'agilité se prête mieux aux jeunes et la planification aux seniors, mais je n'en suis pas certain. Pour ma part, j'ai toujours appliqué un mix des deux : je trace de vagues plans pour avoir un guide et je les revois régulièrement pour garder ce qui porte et changer ce qui déporte. L'inconvénient étant qu'on me demande parfois quel est mon projet et que je ne sais pas alors formuler une réponse. Mais doit on nécessairement expliquer ce que l'on fait autour de soi comme si on rendait des comptes ? Si on prend la partie développement, objet de ce chapitre, qu'on la fasse d'un coup ou par petits bouts, il faut commencer par évaluer de quoi on a besoin, si l'on en dispose déjà, ou s'il faut s'en munir quelque part, ou encore s'il n'y a que vous pour vous l'apporter vous-même. C'est la phase de désir, d'appétit qui naît. En bon aristotélicien il faut alors la raisonner, délibérer, ce qui impose d'en avoir une intelligence, c'est à dire disposer d'informations suffisantes pour décider d'un choix. C'est en cela qu'Internet peut être un excellent outil d'information, pourvu qu'on sache y trier le grain de l'ivraie, ce qui est plus facile en croisant ces pages avec des conversations sur des forums spécialisés. Et il y a même des gens qui croient qu'on ne peut pas travailler sans un diplôme correspondant bien que la profession soit libre, parce qu'il leur semble impossible d'être autodidacte. Or c'est là une difficulté que vous devrez résoudre, celle des préjugés et des croyances, en particulier les vôtres et celles de votre entourage si comme moi vous aimez bien parler de ce que vous faites autour de vous. On parle des fake news sur Internet, mais il y a aussi une somme énorme de fake beliefs, qu'a tendance à répertorier Wikipedia. Contactez plutôt des autorités officielles pour être certain de ce que vous pensez. Le nombre de gens qui vivent en s'appuyant sur des légendes inventées est ahurissant. Même les écrits publiés dans des livres sont à croiser avec d'autres sources d'information, à commencer par votre raisonnement sur leur plausibilité potentielle.
Ensuite va peut-être venir une étape d'apprentissage. Vous vous êtes approprié l'intelligence de la théorie, il faut maintenant vous confronter à la pratique pour développer votre art, votre technique, et tenter d'y devenir habile, ce qui va faciliter votre lancement, et vous mènera à l'expertise en phase d'exploitation. C'est le stage pour le jeune adulte qui vient d'être formé et informé, qui permet de se rendre compte à peu de frais si la voie sur laquelle on s'engage semble pouvoir aboutir à une transformation de sa puissance en actes, ce qu'Aristote appelle une entéléchie (εντελέχεια), du mot εντέλεια qui signifie la perfection, l'aboutissement, de τέλος, la fin ultime. Evidemment si cette fin ultime où nous allons tous n'est pas jalonnée d'épanouissements, c'est désespérant. Et certains, plutôt qu'entreprendre un projet pour "refaire leur vie" préfèrent y mettre fin brutalement, ce qui vous le comprendrez est manifestement idiot, l'effet d'une surdité à un espoir qui est toujours là. Pendant ce stage il est indispensable de ne pas être concentré exclusivement sur sa pratique, sa dextérité, mais aussi d'être attentif aux attitudes à votre égard de ces nouvelles personnes que vous rencontrez. Il ne faut pas se faire des amis par désir de plaire, comportement décrit comme un vice par Aristote, mais parce qu'ils se mettent à vous aimer spontanément car vous êtes celui ou celle qu'ils espéraient secrètement (ou inconsciemment) rencontrer un jour. Vous allez attirer à vous de nouvelles personnes, tout comme vous ferez fuir d'anciennes personnes car vous êtes en train de vous transformer, vous êtes dans un mouvement et il faut bien dire adieu à ceux qu'on quitte tout comme on se présente à une nouvelle assemblée qui va vous accueillir avec bienvenue si votre choix a été le bon. Rien qu'avec ce paragraphe vous tenez les arguments de votre lettre de motivation, mais son envoi sera l'objet de l'étape de lancement, dont je vous parlerai le mois prochain. Dans l'intervalle je vous souhaite une collecte d'intelligence fructueuse et fiable.
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Guillaume
International Business Controller. Chercheur en Sciences de Gestion. Ingénieur Systèmes d'Informations. Archives
Mai 2022
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