Il y a en France une véritable escadrille d'organismes publics d'aide à l'export. Et pourtant les exportations stagnent. On accuse les prix et c'est pour moi une raison fallacieuse.
Les produits et services français ont une réputation internationale de grande qualité. La qualité se paie, sinon c'est louche. Revenant de l'étranger, ce que j'ai trouvé flagrant dans ce pays c'est le manque d'intersubjectivité (Kant) et la propension à l'ethnocentrisme (Levi-Strauss). Du coup on ne sait pas se mettre à la place des clients potentiels étrangers parce qu'on en a une 'lecture' superficielle et exempte d'un 'saut de paradigme' culturel. Si vous vous placez dans la tête d'un acheteur étranger dans son pays, surtout s'il s'agit d'un pays où on n'aime pas payer des impôts, quelle impression pouvez vous avoir en écoutant un "VRP" vous présenter son catalogue ? Entre un VRP "privé", uniquement payé au résultat, et un VRP "public" payé par les impôts de son pays, lequel des deux risque de vous présenter les meilleurs produits, les plus vendables, et l'autre les invendables ? Car en effet dans la plupart des pays les "deniers publics" servent à soutenir les plus faibles, pas ceux qui se débrouillent bien. De plus les fonctionnaires ayant par essence un fort patriotisme, puisqu'il s'agit de leur employeur, leur propension à l'ethnocentrisme est naturellement forte. Or un bon vendeur est quelqu'un qui sait se mettre à la place de son client pour savoir deviner les arguments qui vont faire mouche. Je crois qu'on commet une erreur "stupide" (au sens Kantien) de se doter de tant d'organismes publics pour l'export alors qu'on devrait soutenir les initiatives privées. Et former des vendeurs multicartes internationaux. D'autant plus que ce métier devrait enchanter les jeunes. Comment faire ? J'ai vu en Nouvelle-Zélande les producteurs de vin et de mouton se regrouper pour employer en commun un représentant chargé de sillonner le monde afin de leur trouver des clients. Les autres entreprises prospectent par elle-même. Pourtant isolée au milieu du Pacifique, ce pays n'a pas de stagnation de ses exportations. Elles sont au max. A l'inverse j'y ai surpris une conversation privée de "VRP publics" français. J'en ai été choqué. C'était pathétique. Leurs propos dénotaient une méprise totale des néozélandais, même si psychanalytiquement j'y ai reconnu la frustration de leurs échecs. Un bon vendeur doit aimer ses clients car c'est eux qui le font vivre. S'il est fonctionnaire, payé par des contribuables, quel intérêt peut il trouver à aimer ses clients ? Enseigne t'on Kant aux fonctionnaires ? J'en doute... En plus ces organismes publics déclarent "accompagner" les entreprises. Je ne sais pas vous mais personnellement j'estime être un "grand garçon" et espère ne plus avoir besoin d'être "assisté" par une "tutelle". Devoir me faire "accompagner" dans un pays étranger par des représentants qui relèvent des Affaires Étrangères, dans une activité qui relève de la "sphère privée" d'une entreprise, à moins que ce pays soit dans une crise où ma sécurité est menacée, je trouve ça infantilisant. Vos prospects (qui vivent heureux dans des pays paisibles) ne risquent ils pas d'avoir la même impression ? Néanmoins je reconnais le besoin de services locaux de traduction et d’interprétariat car n'est pas polyglotte qui veut. Sans être du ressort direct des consulats, ça me semble être le seul genre de contact et "d'assistance" (de service) dont les entreprises ont besoin. Les professionnels de la traduction étant par nature experts en transposition de cultures.
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Guillaume
International Business Controller. Chercheur en Sciences de Gestion. Ingénieur Systèmes d'Informations. Archives
Mai 2022
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