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Faut-il nécessairement vendre ?

25/1/2019

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Nous nous sommes habitués à une société dite « consommatrice », voire « consumatrice », c'est le même mot en anglais. Et lorsque nous aurons consumé toutes nos réserves, nous allons avoir l'air de beaux idiots. Cette consommation se fait soit par des ventes de biens et services, soit par des services dits « publics », donc concernant le peuple, qui sont financés par des taxes, gérées par l'Etat ou les collectivités territoriales. Une vente est un transfert de propriété, ou un salaire s'il s'agit d'un service. Mais comment alors gérer la production d'idées ? La création, artistique, technologique, scientifique, ou philosophique.

Si l'art plastique est plus à l'abri que la musique, il n'empêche que la reproduction et la diffusion sont devenues d'une facilité époustouflante et que la rémunération de leurs créateurs en est devenue un problème. La technologie se protégeait par des brevets, mais il s'est mis à en pleuvoir tant et qui sont obsolètes en un rien de temps, que le « logiciel libre » l'a devancé en valorisant l'expertise de ceux qui maîtrisent la technologie par leur service, plutôt qu'une « propriété » des créateurs. Quant à la science elle reste encore dans un « giron » d'enseignants-chercheurs employés comme un service public, mais va t'on devoir bientôt sacrifier un autre service pour maintenir celui-ci ? Et enfin les philosophes « vendaient leurs idées » sous forme de livres, mais à l'aube de cette « intelligence collective » que permet Internet, que vont valoir les idées d'un « penseur » isolé face à la réflexion conjuguée de toute l'Humanité ? S'inspirant alors peut-être des musiciens, ils se sont faits confé­renciers.

Cela a un effet un peu pervers sur la qualité des créations, qui au lieu de stimuler des vocations appâtées par un gain confortable, encourage un « tout-venant » à noyer le public, le peuple, avec des « œuvres de l'esprit » dont le goût a des saveurs parfois difficiles à digérer. Il a dû se produire des cas semblables lorsque les restaurants apparaissent, il me semble au XVIIIème siècle, jusqu'à ce que l'Etat se décide à légiférer pour ne plus empoisonner leurs clients. Or nous voyons en ce moment apparaître des « créations philosophiques » basées sur des « fake news » qui nous empoisonnent notre existence avec diverses vocations de haine d'un bouc émissaire qu'ils désignent. Il m'arrive moi aussi de questionner s'il y a complot, ou zèle excessif d'adhérents à des groupes religieux ou idéologiques. Tout ceci est un peu fatigant.

La particularité du logiciel libre, pour les entreprises que je connais, est que le/les créateur(s) est/sont salarié(s) d'une structure, publique ou privée, qui agit comme un « mécène » intéressé par la primeur de ces créations, qu'elle utilise immédiatement pour ses usagers ou clients. Ainsi elle bénéficie d'un avantage concurrentiel sur ses confrères/consoeurs qui eux/elles viennent ajouter des compléments d'idées. Et je commence à me questionner sérieusement, en étant semble-t'il pas le seul, qu'Aristote ait pu constituer ses traités de la même façon avec les apports de ses élèves ? Car son principe simultané d'école et de production d'idées ressemble beaucoup à cette société de logiciel libre où j'ai travaillé à Wellington.
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Ce qui fait qu'au lieu de vendre un logiciel, ou un bouquin, ou un disque, on va offrir comme service (payant) un savoir et un savoir-faire de « savants » experts dans le domaine. Il me semble que les scientifiques y sont sollicités par des entreprises mais ceux qui m'en ont parlé n'avaient pas l'air friand de travailler « sur commande », ce qui se conçoit aisément chez un créatif.
En effet être sollicité pour créer, donc donner existence, à une « créature » dont on voudra nier la paternité est totalement démotivant et ne donne rien de bon. Comme tout « parent », le créateur ne veut pas accoucher d'un « monstre » responsable de « maux », pour autant qu'il ait une 'conscience', une âme.

Nous voyons donc qu'en l'absence de « fonds publics » ou d'un « habile mécène », le créateur sera contraint, par nécessité alimentaire, de réaliser un « commerce » tel que des « spectacles ». Entraîné par le système consumériste, il doit en plus de son art connaître et maîtriser celui qu'Aristote nomme la chrématistique, mot grec signifiant le courtage. Un travail que réalisent les libraires pour le compte des philosophes. Mais le problème est alors que le « courtier », galerie d'art ou libraire, ne veut pas non plus se retrouvé submergé par des œuvres invendables qui vont encombrer le stock de son dépôt. Et si de surcroît les « consommateurs d'oeuvres » se mettent à préférer l'éphémère d'un spectacle à la permanence d'un enregistrement, comme si le théâtre supplantait le cinéma, tout le monde est au bord d'une faillite économique et intellectuelle.

Or, pour mon activité personnelle, la scène d'un théâtre est-elle bien la place où un philosophe doit se « produire » ? Si j'ai bien interprété mes lectures relatant Athènes il y a 2400 ans, les personnages qui semblent s'y donner ainsi en spectacle étaient les sophistes. Car intellectuellement il est très difficile d'écouter un raisonnement tout en y cherchant les apories, les contradictions insolubles, et pas toujours permis de lever la main pour signaler au conférencier sa « découverte » du piège qu'il se serait tendu à lui-même. Son public ne peut que « gober » ce qu'il dit, avec le risque éventuel que ça le fasse « vomir ». Alors que l'avantage d'un livre c'est qu'on peut arrêter de le lire à tout moment, éventuellement de façon définitive, sans gaspillage financier excessif, mais également le « dénoncer » en bien ou en mal, en citant ce qui s'y trouve écrit. Tandis que pour citer un confé­rencier sans risque de diffamation, il faut qu'il ait été enregistré, et que le film soit rendu public.

Mais il y a une particularité pour le philosophe qui est analogue aux musiciens et acteurs, c'est que pour vivre de sa « production » il faut qu'il ait du succès. Et pour qu'il y parvienne, qu'il soit lu ou entendu, ses idées doivent être capable d'être persuasives, ce qui est beaucoup plus facile à l'oral qu'à l'écrit, du fait d'une moindre possibilité de réflexion, du flot incessant de propos. Je soupçonne que l'école d'Aristote devait ressembler à la salle de lecture d'une synagogue, et qu'ils en discutaient dehors comme dans les cloîtres, ce qui est bien moins fatiguant qu'écouter un cours oral. En attendant de convaincre un éditeur, devrais-je me mettre au kindle sur Amazon ?
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    Guillaume

    International Business Controller. Chercheur en Sciences de Gestion. Ingénieur Systèmes d'Informations.

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