Je ne sais pas si on a réussi à déterminer avec certitude si les dialogues de Platon sont imaginaire ou la transposition de réels échanges entre lui et des interlocuteurs.Galilée se ressert de cette technique pour faciliter ses explications sur les phénomènes liés à la rotondité et rotation de la Terre.
A leurs époques les échanges épistolaires étaient longs et fastidieux, voire coûteux. On y préférait les dialogue verbaux et plus tard les nobles français, à la Renaissance, en ont même fait un art car ils s'ennuyaient ferme. Ces joutes verbales les distrayaient. Mais le problème d'un dialogue est de pouvoir répondre du tac au tac à son interlocuteur, pas le faire patienter une heure avant de lui répondre, comme s'il s'agissait d'une partie d'échecs de haute compétition. Or, cognitivement, tout le monde n'a pas les mêmes ressources, la même vivacité d'esprit. Se dire que ceux qui frétillent sont supérieurs à ceux lents et profonds serait comme dire qu'une sardine est supérieure à un cachalot. C'est idiot. Entre plongeurs sous-marins on se targue plus de la profondeur atteinte que de la vitesse à laquelle on s'habille pour se mettre à l'eau. Mais il y a depuis, environ, 1996, l'existence d'un outil épistolaire formidable, les courriers électroniques ! Plus besoin de faire appel aux Postes, la Télécommunication est instantanée. Cependant j'ai bien noté la variété d'attitude de mes correspondants, privés ou professionnels. Certains me font des longues réponses, d'autres des télégrammes, et régulièrement mon courrier reste lettre morte. Curieusement le taux de réponse semble plus lié au degré d'estime qu'à la pertinence ou véracité potentielle de mes propos. Il est ainsi aisé de savoir qui vous méprise. C'est mieux qu'une balance d'épicier. Vous savez vite combien vous valez. Quel apport vous avez réalisé en investissant de votre temps à offrir à votre lecteur des mots à déchiffrer, vos pensées. Et puis dans le lot il vous arrive d'avoir un échange fructueux, qui permet une récolte d'idées. Cela se produit quand les correspondants sont épris de sagesse, qu'ils philosophent. Et là s'ils sont vertueux (aristotélicien) ils doivent se demander s'ils vont être avares de cette richesse acquise, la garder pour eux car il s'agit d'un échange privé, donc d'une propriété, ou s'ils vont proposer aux passants de venir visiter leur petit verger. Doit-on faire tomber la palissade pour que les gens puissent se servir gratuitement, ou préserver cette production pour aller la vendre sur un marché ? Cela rejoint le principe de l'Open Source, du Logiciel Libre. Au lieu de conserver un secret jaloux sur son œuvre, on la partage pour l'enrichir plus vite et à faible coût, et on acquiert une expertise que l'on monnaye au détriment de ceux qui n'y connaissent rien. Transcrit aux philosophes cela revient à publier un blog pour se forger une réputation, donner l'envie de vous écouter, d'accaparer un peu de votre temps, plutôt que publier un livre qu'une poignée de gens liront. Il me semble que la philosophie rejoindrait alors le segment de l'Economie Sociale et Solidaire. Un secteur qui paie mal mais qui est d'une grande valeur au regard de l'Economie de Communion. Car des esprits chagrins, peut-être jaloux, me reprochent mes formulations occasionnelles, manquant d'adresse, pour décrire les écarts de niveau de pensée entre un philosophe et un quidam. Mais ce qui me paraît odieux, à moi, est de constater cette sorte d'élitisme qui règne chez les gens qui lisent des ouvrages de philosophie, qui méprisent la démarche de Michel Onfray. S'il existait un cours de conversion des idées tel que pour le Bitcoin, une salle des vente où on lancerait des enchères à coup d'idées, on verrait vite qu'il y a des riches bourgeois et des humbles prolétaires. Comme s'il existait une timocratie intellectuelle secrète, dont certains se gaveraient, méprisant ceux qui sont avide d'un mieux-être cognitif. De la même façon que Marx a mis en relief la lutte des classes sur le plan économique, monétaire, je me demande si on n'est pas entré dans une nouvelle lutte de classes sur le plan des connaissances et de la sagesse. Elle existait déjà dans l'Antiquité, elle est flagrante au Moyen-Âge lorsque les moines thésaurisent les savoirs. Internet s'est voulu au départ le moyen d'une grande mise en commun, gratuite, des savoirs de l'humanité, c'est devenu un espèce de fourre-tout, un bazar, où on trouve à boire et à manger, et où un imprudent peut vite s'empoisonner l'esprit. Il me semble donc que les sages, vertueux, ont le devoir moral de faire savoir ce qu'ils se disent entre eux. Qu'au-delà de leurs nécessités basiques de se loger et de pouvoir manger, ils doivent admettre qu'ils ont une mission de « salut public ». Qu'ils ne doivent pas réserver leurs doctrines à des « castes d'initiés », mystiques, sectaires, puissants, mais tenter de les enseigner au plus grand nombre. Desabrutir la société. Parce que les prolétaires que je connais sont tous des gens charmants, gentils, généreux, le cœur sur la main, rien de brutal, alors que certains « fortunés » intellectuellement sont réellement des abrutis ! Et je n'ai pas vraiment l'envie de me faire dominer par des brutes, des gens violents, qui se serviraient de leur intellect pour vous assommer ! Les idées sont une nourriture de l'esprit, notre second système digestif, pas un moyen de domination de ceux qui sont frugaux et digèrent lentement.
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Guillaume
International Business Controller. Chercheur en Sciences de Gestion. Ingénieur Systèmes d'Informations. Archives
Mai 2022
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