Quelques mots dont la définition me semble utile... Ajoutés ici à mesure qu'ils m'ont semblé nécessaire à connaître. Il est tout de même étonnant comme le vocabulaire du management emploie des termes congruents avec l'organisation militaire. Hiérarchie Du lat. hierarchia, qui vient du grec ἱεραρχία, de ἱερὸς (hieros), saint (voy. HIÉRATIQUE), et ἄρχειν (archein), commander (voy. ARCHONTE). Au sens littéral, l’autorité sacrée… Mais ἄρχω (archo) veut aussi dire commencer, tout comme auteur et autorité ont la même racine augeō qui signifie “j’augmente”. L’autorité est donc à l’origine d’une augmentation et y parvient en étant obéi. Sans obéissance point d’autorité. Et la sacralité de la hiérarchie fait que ne pas lui obéir est un sacrilège. Dès lors il ne suffit pas d'avoir été promu "chef" (tête) pour commander le corps, il faut que le corps vous obéisse. Ce qui implique d'avoir des idées motrices, qui veulent faire agir, qu'elles soient bonnes pour ne pas causer de désastre, qu'elles soient bien expliquées, comprises, (jusque là c'est le principe de l'auteur) et que le corps ait envie d'obéir à la tête. Donc il y a une affaire de charisme, que la manière d'être (ethos) suscite l'envie de suivre ce leader. Le chef doit donc de préférence être aimé, plutôt que craint. Une sanction d'un membre du corps étant la marque d'une autorité défaillante. Stratégie « Art d'organiser et de conduire un ensemble d'opérations militaires prévisionnelles et de coordonner l'action des forces armées sur le théâtre des opérations jusqu'au moment où elles sont en contact avec l'ennemi. » (source CNRTL) Du grec στρατηγία (strategia) qui désigne le ministère du στρατηγός (strategos), du commandant en chef militaire, mais également la province qu'il dirige. On pourra se rapporter à « l'Art de la Guerre » de Sun Tzu pour avoir une idées des ruses que le stratège peut employer. En Grèce les stratèges étaient élus, et donc devaient faire campagne (politique) pour atteindre ce poste. Citation intéressante du Général de Gaulle : C'est en respectant la logistique que le général Eisenhower mena jusqu'à la victoire […] la machinerie des armées du monde libre. Engagement Engager est mettre en gage, fournir une caution. Par extension c’est s’enrôler dans une armée, et promettre une fidélité. C’est en théorie librement consenti, mais cela crée une obligation. Engager est également placer dans un logement étroit, resserré, ce qui induit une direction suivie. Le gage est alors un salaire, du latin wadium d’origine franque qui avait le sens de promesse et de prêt hypothécaire. Le gage qui est salaire induit une promesse que le travail sera rétribué, mais il faut en retour qu’il soit effectué afin que les gages ne soient pas versés pour rien. (donc ça pourrait conditionner le versement des soldes) C’est le bénéfice obtenu par les mineurs au début du XXe siècle car ils étaient jusqu’alors rétribué aux kilos de charbon extraits, ce qui était variable avec les filons exploités. Mais le salaire est-il un argument suffisant pour garantir que le travail va être effectué, que le travailleur ne va pas rester oisif ? En effet la promesse de rétribution s’est inversée avec la demande implicite d’une promesse de labeur fourni. Or s’active-t’on juste par la nécessité d’assurer son train de vie, de manière « alimentaire », ou par d’autres motivations qui peuvent être singulières à chaque travailleur ? Qu’est-on à ce moment prêt à admettre comme raisons qui justifient l’engagement donné ? Y’en a t’il des bonnes et des mauvaises ? Éthique Mot grec synonyme de moralité. La moralité vient du latin mores qui désigne les mœurs, et vient de mos qui désigne le comportement, la manière d'être. C'est là où le grec spécifie la manière d'être avec le mot ethos. Éthique se rapporte donc aux mœurs et ethos à la manière de se comporter. Ce serait Socrate qui aurait conçu le principe de l'éthique dans une optique de faire des hommes « beaux et bons ». De là Platon invente ce qu'on nommera les « vertus cardinales » (Prudence, Justice, Courage, Tempérance) car le mot latin virtu désigne une qualité de l'homme (vir). Chez les grec la vertu s'appelle "areté" qui désigne l'excellence. D'où le mot dérivé "aristocratie" qui signifie « le pouvoir des excellents ». A ne pas confondre avec la valeur. Être valeureux ne garantit pas qu'on soit bon, de bonne qualité. Or si la moralité se rapporte autant à une vision sociale qu'à une perception personnelle, elle n'est pas toujours identique entre les individus d'une société. Ainsi dans une organisation ce qui pour les certains semblera inacceptable pourra paraître parfaitement normal pour les autres. C'est pour cette raison que confronté à un comportement qui nous choque, on va chercher des avis qui concordent, plutôt que ceux qui nous donnent tort. Peut alors s'engager une polémique pour déterminer ce qu'il convient de faire et ce qui est à proscrire. D'où le besoin à un certain stade d'une décision d'une autorité qui tranche dans ce qui est permissible. Forcément entre l'acteur et le spectateur choqué, il risque d'y en avoir un qui ne comprend pas... Autorité Mot lié à l'auteur par les latins auctor et auctoritas. A comparer avec son équivalent grec ἀρχι (arkhi, comme dans 'monarchie', autorité unique) qui désigne l'autorité et le commencement, l'aube. Donc auteur et autorité sont à l'origine de quelque chose à laquelle les gens obéissent, soit parce qu'ils le pensent bien, à suivre, soit parce qu'on les y contraint, par la force ou l'obligation. Lorsque le soleil se lève, vous ne pouvez pas refuser qu'il fasse jour. Le soleil a donc autorité sur la luminosité. Nous pouvons alors noter des postures variables chez un détenteur d'autorité, qui sont selon les cas un boss, un chef, un leader, mais plus rarement un patron. On trouve aussi des tyrans, des rois, des seigneurs, et parfois des despotes. On se demandera alors comment il manage, mot anglais venant du français manéger, conduire un cheval, avoir la main sur lui. Car certains tendent à faire « crever leurs chevaux » en les sollicitant trop. Il y a aussi des auteurs qui se désespèrent qu'on ne les écoute/lise pas, n'ont aucune autorité, et d'autres qui sont écoutés/lus "religieusement" parce qu'ils ont un diplôme, ou un poste, une renommée, qui leur permet d'être crus systématiquement. La nuance sera souvent dans la consensualité de leur propos, formulé en sachant qu'il sera admis, et on rejoint ici l'éthique. En effet, à une instruction donnée, les gens opinent favorablement ou négativement, à moins d'être réifiés, aliénés de leur liberté. Pouvoir Du latin pŏtēns, qui peut, est puissant, influent, est maître, souverain, capable. Équivalent du grec κράτος (kratos), qui est fort, puissant, dominant, gouvernant. L’autorité désigne ce qui est à l’origine de quelque chose et à qui on obéit. Elle peut donc être dotée d’un pouvoir, d’une puissance, qui fait agir les autres, leur permet et interdit des actions, donc décide de choix et ordonne. On se demandera donc qui détient ce pouvoir, si c’est une autocratie monarchique (despotisme), une oligarchie (autorité d’une caste) aristocratique (pouvoir par l’excellence) ou ploutocratique (pouvoir par la richesse), ou encore une démocratie (pouvoir du peuple). Ce pouvoir sera-t’il alors exercé par le charisme (rayonnement naturel), par la sanction de l’observance des lois, des ordres, ce qui nécessite une force d’exécution, ou par une communication habile parvenant à manipuler les gens sans qu’ils le réalisent (propagande) ? Ce pouvoir peut aussi être traditionnel, séculaire, ou imposé brutalement, par la violence, ou être légal, pour autant que les gens se conforment aux lois. Or toute forme de pouvoir et d’autorité tend à suivre une idéologie qui vise la domination du peuple par les tenants de cette idéologie, comme un genre de conatus spinoziste, jusqu’à une éventuelle chute, décadence, pour être remplacée par une autre idéologie. Préalablement à ces périodes « révolutionnaires », les tenants d’une autre idéologie que celle dominante, n’ayant donc aucun pouvoir, vont s’évertuer à faire admettre leur autorité par du militantisme, des remarques, des commentaires, ou autrement par des actes violents si c’est leur seul moyen d’être connu, remarqués. Commandement Action de commander, de décider, en vertu de l'autorité que l'on détient ou que l'on s'arroge, ce que quelqu'un doit faire, sous forme d’ordres (source CNRTL). Le latin commendare signifie un mandat, une commission ; du verbe commendō je confie, recommande, fais valoir. Donc le commandement vient du chef, de la tête, et appelle à l'exécution. Ainsi quand un client commande à un fournisseur, celui-ci doit livrer ce qui a été demandé, ne pas faire autre chose. Il est donc conseillé de le faire par écrit. Ensuite l'exécution doit être vérifiée pour s'assurer qu'elle est conforme aux spécifications, et éventuellement sanctionnée. Se posera alors la question de la subordination, de devoir accepter les ordres ou de pouvoir les refuser. Car le subordonné peut se retrouver « porte-flingue » exécutant des basses œuvres criminelles, et être poursuivi par la justice pour avoir obéi. Mais peut-on toujours refuser, ou démissionner de son emploi ? Le lien de subordination (inhérent au salariat) peut alors être plus ou moins strict selon la nature des ordres, qui peuvent être généraux, schématiques, ou de micro-management en indiquant chaque tâche à exécuter. De là l'exécutant aura des degrés de liberté plus ou moins grands, donc une autonomie plus ou moins étendue. Cela dépend donc de la capacité d'autonomie de l'exécutant, du champ d'action qu'il maîtrise, donc de son niveau d'apprentissage de son travail. Certains détestent être commandés et on les qualifie d'indépendants. Coopération Du latin cooperātiō de même sens, surtout précisé en anglais comme étant « une association pour un bénéfice mutuel, pour produire ou acheter », s'organiser en coopérative. A noter ici le latin operā qui désigne l'œuvre, et se traduit en anglais par work, en allemand werk, et en grec ἔργον (ergon). L'ergonomie désigne donc les règles pour opérer. Le verbe œuvrer ou ouvrir est remplacé vers le XVIIe siècle par le verbe travailler, tout en conservant le terme d'ouvrier pour celui qui produit des biens en les travaillant. Le travail, du latin tripallium qui est un instrument de torture, voudrait donc dire que l'on "torture" les matériaux (naturels) pour en tirer une œuvre. Dès lors y a-t'il besoin d'autorité, de commandement, s'il y a coopération ? Sur le principe les coopérants sont d'accord sur le but à atteindre, et se répartissent les tâches selon leurs talents et leurs goûts des opérations. Au lieu d'un chef qui décide et commande à des subordonnés, tout le monde s'accorde sur l'organisation, donc en discute, afin de savoir comment œuvrer individuellement. Va alors se poser la question de la responsabilité. Si des dommages sont causés par la coopération, qui va en répondre ? En effet on ne va pas auditionner et juger tous les coopérants pour rechercher des fautes, il leur faut un porte-parole. C'est là où on pourra imaginer que l'un d'eux soit leur président, littéralement celui qui s'assoie devant, les représente tous. Propriété Du latin prōprietās de même sens, c'est à dire à la fois une qualité, un attribut d'une chose, d'un être, par exemple qu'une propriété du poisson est de vivre dans l'eau, mais aussi par extension le fait d'avoir la possession d'un bien, donc sa jouissance, d'en disposer en maître en tirer profit. Ainsi le poisson jouit de sa propriété de vivre dans l'eau, est maître de son milieu, et en tire profit.
De là on se demandera dans quelle mesure on dispose encore d'une propriété qui est mise à la disposition d'usagers. En étant propriétaire d'un logement mis en location, le locataire y dispose de droits pour l'aménager à sa guise, dans des limites de convenances raisonnables. En étant propriétaire d'une entreprise on y dispose d'un droit de gouvernance générale, et on y nomme le dirigeant. De ce fait quelles exigences les usagers peuvent-ils avoir à l'égard du propriétaire du bien qu'ils utilisent ? Qui est le maître de l'autre ? Le propriétaire possède-t'il encore le bien ou cette possession devient-elle répartie entre deux partis ? Il semblerait donc prudent que soit établi par écrit les niveaux de jouissance des uns et des autres, les devoirs mutuels, les libertés de chacun. Connaître les bornes. Ainsi dans une entreprise, le propriétaire peut-il décider arbitrairement d'une réduction du nombre d'usagers ? En exclure certains ? Et inversement les usagers peuvent-ils imposer au propriétaire leur présence ? Le déterminant va être d'établir si le bien devient public, ouvert à tous, ou s'il y a une sélection des usagers sur des critères officiels ou arbitraires. Mais il faut aussi que l'usager dispose de garanties d'accès au bien explicites, et respectées. Propriétaire et usagers s'engagent les uns envers les autres.
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Guillaume
International Business Controller. Chercheur en Sciences de Gestion. Ingénieur Systèmes d'Informations. Archives
Mai 2022
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