La Théorie des jeux date de 1944. Les économistes, et les philosophes, en sont friands pour analyser et modéliser les comportements d'acteurs rationnels soumis à des choix, par exemple quand un fournisseur interagit avec un client. Je n'ai pas l'impression, faute d'exemple, que les jeux apparus plus tard comme les jeux de stratégie (Risk, Diplomatie,... fin des années 50) et les jeux de rôles (Donjons & Dragons,... milieu des années 70) aient été inclus dans la théorie. Pourtant ils sont intéressants car multijoueurs et utilisant des mécanismes nouveaux, les alliances et trahisons pour les premiers, l'acquisition d'expérience comme gain pour les seconds, ce qui semble intéressant pour analyser des turpitudes en terme d'accords de libre-échange (Brexit, CETA mis à mal par les Wallons, TPP menacé par D. Trump) ou des carrières professionnelles. Tandis que les jeux vidéo, pour la plupart, n'ont apporté que des facilités et complexité accrues grâce à l'ordinateur, mais pas vraiment de nouveaux mécanismes d'interactions attitude-gains.
Sur un marché national, en plus des joueurs fournisseurs et clients qui jouent ce jeu asymétrique de la prospection et du sourcing, il y a un arbitre qui est l’État, intervenant comme législateur régissant les contrats et (éventuellement) les normes. La théorie dit que les joueurs veulent maximiser leurs gains ou leur utilité, je pense plutôt qu'ils maximisent leur satisfaction. Certains veulent du neuf dernier cri tandis que d'autres sont satisfaits avec de l'occasion en bon état. Quant à l’État il est un peu le Maître du Donjon, surtout sur des marchés où interviennent des entreprises publiques, comme fournisseurs ou comme clients. Le rôle de l’État-arbitre n'est pas neutre car c'est une organisation qui a besoin d'engranger des fonds pour exister et assurer ses fonctions, ce qu'il réalise en prélevant des taxes sur les joueurs, tant sur la valeur ajoutée par les fournisseurs que sur les bénéfices réalisés par les uns et les autres. Il a donc intérêt à ce que tous les joueurs se développent. Tout comme il a intérêt à susciter un progrès, source de croissance et d'équilibre économique par rapport aux autres pays. Dans le cas de transactions internationales, les joueurs sont dans des pays différents et il n'y a plus un seul arbitre mais deux, voire même un 3ème (super-)arbitre pour les européens. Si l'un des arbitres s'efface devant l'autre sur le plan législatif et normatif, selon les accord négociés soit entre les joueurs, soit entre les arbitres, ça n'est pas pour autant que le second arbitre n'est pas concerné par les résultats des joueurs de son pays. S'ajoute au contexte la problématique de cultures différentes qui vont jouer sur les motifs de satisfaction et sur les normes... sans parler de la complexité et du coût pour régler les contentieux et recouvrir les impayés. On est en plein dans les négociations et stratégies de choix rencontrées dans les jeux cités. Excepté lorsque l'apport du joueur étranger représente un atout stratégique pour le pays, l’État-arbitre n'a pas vraiment d'intérêt direct au bon développement du joueur étranger. Si en plus celui-ci altère les recettes perçues sur ses joueurs nationaux, il a plutôt intérêt à appliquer des tarifs douaniers. Dans le cas de l'Europe on a des mécanismes de compensation entre arbitres pour équilibrer les recettes et manques à gagner fiscaux mais hors Europe niet. Revient le problème du jeu entre arbitres où ceux-ci peuvent hésiter entre satisfaire leurs alliés ou satisfaire leur base électorale, source de leurs revenus. Un peu comme un personnage victime d'un sortilège qui l'empêche de porter secours à ses compagnons. On a réussi à créer des logiciels capables de battre les plus grands joueurs mondiaux d'échecs et de go, donc à modéliser et mettre en équation les meilleurs stratégies et tactiques de jeu. Mais ce sont pour des jeux à deux joueurs dans lesquels tous les coups sont connus, visibles et où l'ordinateur devient capable de prédire et anticiper les choix de l'adversaire. Il n'y a pas encore de modèle mathématique pour prédire des alliances, ou anticiper les pièges d'un donjon. Ils seraient pourtant bien utiles pour les appliquer aux stratégies économiques des entreprises en environnement méconnu et incertain. Car comme je l'ai entendu de la bouche d'adolescents en Nouvelle-Zélande, « Life is a game. »
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Guillaume
International Business Controller. Chercheur en Sciences de Gestion. Ingénieur Systèmes d'Informations. Archives
Mai 2022
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